Créer un chèque énergie pour permettre aux ménages les plus démunis de payer leurs factures énergétiques, c'est la proposition du médiateur national de l'énergie dans son rapport annuel dévoilé le mardi 11 juin.

En France, la précarité énergétique, c'est-à-dire la difficulté à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins, touche près de 8 millions de personnes, selon l'Insee. Un phénomène en hausse, d'après le rapport de Denis Merville, médiateur national de l'énergie.

L'an dernier, «18 % des dossiers traités par [ses] services concernaient des personnes en difficulté de paiement », contre 15 % en 2011. De plus, le nombre de coupures, de résiliations de contrats et d'autres restrictions d'électricité ou de gaz par les fournisseurs pour cause d'impayés est passé à 580 000 l'an dernier contre 500 000 en 2011.

« Il y a urgence à prendre le problème à bras-le-corps »

Dans la présentation du rapport, le médiateur a souligné la défaillance des tarifs sociaux, dont l'objectif est de soulager les ménages les plus modestes d'une partie de leur facture. Or, d'après Denis Merville, ceux-ci « coûtent cher en gestion, parviennent péniblement à toucher la moitié des bénéficiaires potentiels et sont profondément inéquitables car ils ne prennent en compte que le chauffage au gaz naturel », excluant les trois quarts des ménages qui se chauffent à l’électricité, au fioul ou par tout autre moyen.

Entrée en vigueur en avril 2013, la loi Brottes, qui prévoit l'extension des tarifs sociaux pour l'hiver prochain à 4 millions de ménages contre 1,2 million actuellement, ne pourra être mise en place à temps, a expliqué le médiateur. En cause, la complexité administrative et financière de ces tarifs.

Un « chèque énergie » pour remplacer les tarifs sociaux

Afin de donner un coup de pouce aux ménages les plus modestes, Denis Merville propose la création d'un « chèque énergie » qui remplacerait les tarifs sociaux. En attribuant cette aide en complément de l'Apl (aide personnalisée au logement, dont bénéficient 6 millions de Français), les fonds seraient versés rapidement et les ménages concernés en bénéficieraient ainsi dès l'hiver prochain. Pour être efficace, la mesure devrait être dotée d'au moins 1 milliard d'euros par an.