Octobre Rose

En mars 2014, Catherine a été diagnostiquée d’un cancer du sein. Elle avait alors 38 ans, vivait en couple et travaillait comme assistante administrative et commerciale dans un centre de formation. Aujourd’hui, en 2022, elle est célibataire, sans emploi, et le cancer est toujours présent dans sa vie. Après une chirurgie, de la chimiothérapie et trente séances de radiothérapie, elle arrive presque à la fin de ses sept années d’hormonothérapie. Durant tout son parcours, elle n’a jamais cessé de poser des questions, tenté de trouver des solutions pour apaiser ses craintes, soulager les effets secondaires de ses traitements. Elle a trouvé des réponses dans la lecture de Rose magazine, un féminin haut de gamme distribué dans tous les centre de soins de France, et destiné aux femmes suivies pour un cancer. Elle a pu aussi bénéficier du soutien et de l’écoute de personnes ressources au sein de l’hôpital de Troyes où elle a été prise en charge depuis le début. L’établissement ne se trouve qu’à dix minutes en voiture de son domicile. Une proximité qui a joué un grand rôle dans son histoire...

 

Choisir l’hôpital plutôt qu’un centre spécialisé en cancérologie a été une décision que vous avez prise seule ?

Lorsque mon médecin traitant m’a annoncé que j’avais un cancer du sein, il m’a tout de suite indiqué qu’il connaissait un bon onco-gynécologue qui consultait aussi à l’hôpital de Troyes. Je lui ai fait confiance et j’ai pris rendez-vous. Mais de toute façon, cela aurait impensable pour moi d’aller ailleurs que près de chez moi.

Pourquoi ?

D’abord parce que je suis très attachée à ma ville, et puis l’hôpital est à dix minutes en voiture de mon domicile. C’était très rassurant pour moi cette proximité. J’aurais pu être prise en charge au centre anti-cancer de Reims (Insitut Godinot, ndlr) mais c’est à 1h de route de chez moi. J’ai pensé que cela me rajouterait de la fatigue, et du stress pour être à l’heure aux rendez-vous médicaux.

Quel genre de patiente êtes-vous ?

Plutôt angoissée. Quand l’infirmière d’annonce m’a exposé le protocole de soins prévu pour moi, j’ai eu beaucoup de questions. Heureusement, elle m’a expliqué posément comment tout cela allait se passer. Lors de ce rendez-vous crucial, elle avait aussi pris l’initiative de faire venir une psy avec laquelle j’ai tout de suite eu un très bon contact. Son regard lumineux, son écoute bienveillante, dénuée de jugement, m’ont énormément aidée au long des traitements qui se sont étalés entre mai 2014 et janvier 2015. Ces séances se sont prolongées pendant un an ensuite. En tout, j’en ai eu 35, totalement prises en charge par l’hôpital. Ce suivi psychologique a été vital pour moi.

Avez-vous eu accès à d’autres soins de support ?

Avec la Ligue contre le cancer j’ai pu m’essayer au Qi Qong, mais je n’ai pas accroché. J’avais avant tout besoin d’échanger avec mes semblables hélas, il n’y a pas eu de groupe de parole durant ma prise en charge, faute de participant. La seule personne inscrite, c’était moi !

Avez-vous eu d’importants effets secondaires ?

La chimiothérapie m’a déclenché des douleurs neuropathiques dans une jambe, dont je souffre encore. On m’a d’abord prescrit de la balnéothérapie, mais je continuais à avoir mal au point de souhaiter qu’on m’ampute ! D’après le neurologue que j’ai consulté, il est probable que j’avais déjà une faiblesse qui s’est amplifiée avec ce traitement. J’ai tenté les anti-douleurs, l’acupuncture mais sans véritable résultat jusqu’à ce qu’on m’oriente vers le centre anti-douleur de l’hôpital. Là, on m’a équipée d’un petit boîtier (un neuro-stimulateur). Quand j’ai mal, je l’actionne. Il envoie des impulsions électriques qui me soulagent. Grâce à ce petit appareil j’ai pu reprendre une vie normale.

Vous arrivez au bout de l’hormonothérapie et de votre parcours de soins. Que ressentez-vous ?

Cela me créé une énorme angoisse. J’avais déjà eu cette impression d’être abandonnée après en avoir terminé avec la chirurgie, la chimio et la radiothérapie. Quand tout s’arrête, cela créé un vide vertigineux... J’ai eu une période de dépression. Ce n’est pas rare, mais c’est peu évoqué et peu compris par l’entourage, malheureusement. Malgré tout, il me restait encore ce traitement prescrit pour éviter la rechute. Je l’ai suivi à la lettre et pendant ces sept dernières années je me suis sentie protégée. Mais là, cela se termine en effet, et je vais me retrouver sans rien, ce qui me fait très peur.

Avez-vous pu reprendre une activité professionnelle ?

Pas encore mais j’y travaille ! Pour l’instant je m’implique beaucoup dans deux associations qui accompagnent les malades de cancer. Une qui dépend de l’hôpital1 et une autre, dont je suis la marraine, qui a été fondée par une ancienne infirmière2. C’est important pour moi de rendre ce qu’on m’a donné. J’ai eu la chance d’être très bien accueillie, très bien accompagnée. A mon tour d’apporter ma petite pierre à l’édifice. Je me réjouis ainsi qu’on ait pu mettre en place à l’hôpital un service de socio-esthétique. Cela m’avait manqué quand j’étais malade, surtout au moment où j’ai perdu mes cheveux ! J’aurais aimé qu’on me conseille sur les perruques. Aujourd’hui, c’est possible. Mais j’aimerais faire encore plus !

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1 Association DECA, Développons ensemble la cancérologie dans l’Aube. Contact : deca10@orange.fr.

2 Association Les petites herbes créée par Isabelle Blin. Plus d’infos sur lesateliersdespetitesherbes.fr