Et si les psychologues étaient remboursés par la Sécurité sociale ? C'est ce que demandent aujourd'hui plusieurs psychologues cliniciens dans des lettres ouvertes à Marisol Touraine. L'idée n'est pas nouvelle... Il y a quinze ans déjà, Claire Brisset, défenseure des enfants, demandait dans un de ses rapports, et dans une démarche de prévention, que les consultations de psychologues soient remboursées pour les enfants.

De telles prises en charge, précoces, auraient permis tout d'abord un meileur bien-être psychique pour ces enfants, adolescents, futurs adultes, moins d'incivilités, moins d'échec scolaire, moins de souffrances de tous ordres... Or, la consultation avec un psychologue coûtant en moyenne 50 euros, un soutien régulier est impossible pour la plupart des familles françaises.

Elles auraient également permis des millions d'économies pour la société. Dans le Nouvel Observateur, un psychologue clinicien, Jérôme Dagut, tire la sonnette d'alarme : « Il y a urgence, écrit-il, à ne pas laisser s'éteindre l'une des rares professions, aujourd'hui réglementée (on ne parle pas de ces thérapeutes aux références douteuses, coachs en tout genre ou autres profiteurs de misère), capable de soutenir des sujets à bout, se sentant dévalorisés et inutiles. »

Citant les travaux d'Anne Dezetter : « En France, les psychothérapies effectuées par les professionnels de santé mentale non-médecins exerçant en libéral, ne sont pas remboursées. [... ]. Le coût de la séance a été estimé à 41 euros, le taux de remboursement par le régime obligatoire à 70 % et 60 % pour soigner les personnes de 18 à 75 ans souffrant de troubles de santé mentale courants chroniques et/ou sévères. Le coût de la prise en charge psychothérapeutique annuelle s'élèverait à 514 millions d'euros (entre 308 et 347 millions pour le régime obligatoire), pour traiter 1,033 million de Français, soit 2,3 % de la population. L'estimation des coûts directs et indirects induits par les troubles de santé mentale courants et évitables après le suivi psychothérapeutique fait apparaître que pour 1 euro investi dans le traitement psychothérapeutique, le ratio coût-bénéfice s'élèverait, selon la symptomatologie, entre 1,14 euro (troubles anxieux) et 1,95 euro (dépression majeure) épargnés à la collectivité. La France dispose des 14 300 professionnels nécessaires et habilités à effectuer des psychothérapies, pour traiter cette population. »

La même auteur écrit également dans ses « Analyses épidémiologiques et socio-économiques de la situation des psychothérapies en France, en vue de propositions sur les politiques de remboursement des psychothérapies » : « Comme la littérature le démontre, notre analyse a montré qu'une prise en charge de la psychothérapie permettrait aux régimes de santé et à la société d'épargner, suite au traitement psychothérapeutique, des coûts directs et indirects induits par les troubles de santé mentale. Ceci, d'autant plus que notre évaluation médico-économique a estimé les bénéfices économiques des psychothérapies "au plus bas". C'est-à-dire, en évaluant seulement leurs impacts sur les coûts immédiatement imputables aux troubles de santé mentale, cela sans intégrer les bénéfices collatéraux que ce traitement aurait sur les troubles somatiques. ».

Le « Rapport d'information des travaux de la mission sur la santé mentale et l'avenir de la psychiatrie » présenté par le député de la majorité Denys Robiliard ne dit pas autre chose dans sa proposition numéro 25 : « reconnaissant un rôle aux psychologues cliniciens en premier recours et en examinant la possibilité et les modalités d'une prise en charge de leur exercice par l'assurance-maladie ».

Source : Viva presse