Des chercheurs de l’Inserm de Lille viennent de fournir la preuve expérimentale que l’obésité aggraverait les lésions associées à la maladie d’Alzheimer. Ces travaux, publiés dans la revue Diabetes, renforcent ainsi l’idée d’une contribution majeure des anomalies métaboliques dans le développement de démences.

La découverte française est importante et pourrait, si ces résultats se confirment, marquer un tournant dans la prévention des maladies neurodégénératives. La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées touchent plus de 860 000 personnes en France. Les altérations cognitives observées sont le résultat de la formation de plaques dites « amyloïdes » entre les neurones et de l’accumulation de protéines Tau anormales dans les cellules nerveuses.

Jusqu’ici, les chercheurs savaient que l’obésité accroit le risque de démences lors du vieillissement. Cependant, les effets de l’obésité sur les pathologies liées à la protéine Tau, comme la maladie d’Alzheimer, n’étaient pas clairement élucidés. Les chercheurs supposaient notamment que la résistance à l’insuline dans le diabète de type 2 y jouait un rôle majeur.

Dans leur étude expérimentale, les chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Lille ont nourri pendant cinq mois de jeunes souris transgéniques, qui développent progressivement avec l’âge, une neurodégenerescence liée à la protéine Tau, avec des aliments riches en graisses afin de les rendre obèses. Résultats : “A l’issue du régime, les souris obèses ont développé une pathologie aggravée tant du point de vue de la mémoire que des modifications de la protéine Tau”, explique David Blum, chargé de recherche à l’Inserm qui a dirigé cette étude.

“Nos travaux renforcent l’idée d’une contribution majeure des facteurs environnementaux dans le développement de cette pathologie neurodégénérative", souligne le chercheur, lequel avec son équipe va désormais se pencher sur l’identification des facteurs responsables de l’aggravation des troubles cognitifs et des lésions cérébrales dans la maladie d’Alzheimer.