Dans une lettre adressée au ministère de la Santé, l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) dénonce la pénurie de Lévothyrox qui sévit en France depuis un mois.

Ce médicament est indispensable en France à 3 millions de patients atteints de troubles thyroïdiens, sans lequel ils ne peuvent pas vivre normalement : « Si je n'ai pas mon Lévothyrox tous les jours, je suis fatiguée à un point inimaginable, déprimée, je grossis, je pers mes cheveux, c'est invivable », témoigne Marie, atteinte d'hypothyroïdie. D'où la panique qui s'empare des malades.

Cause de cette rupture de stock ? L'augmentation du nombre de personnes traitées à l'échelle internationale à laquelle le laboratoire Merck Serono, qui fabrique la molécule, n'arriverait pas à répondre. Selon l'AFMT, un patient sur 10 serait actuellement traité contre un patient sur 50 en 1980.

Or, le Lévothyrox est le médicament le plus vendu sous son nom de marque. En effet, pour que le fonctionnement de leur thyroïde se rééquilibre, les médecins doivent prescrire à leurs patients des dosages précis, qu'ils prennent tous les jours jusqu'à la fin de leur vie. Difficile donc de substituer un générique à la molécule princeps.

D'ailleurs, deux génériqueurs, les laboratoires Teva et Biogaran, ont interrompu récemment leur production.
« Les stocks résiduels sont en cours de distribution. Le Laboratoire Merck Serono pourra donc être conduit à mettre à disposition des officines, dans les prochaines semaines, du Lévothyrox, voire une spécialiste similaire importée, afin de couvrir les besoins des patients », a indiqué l'Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) qui précise, par ailleurs, que les problèmes d'approvisionnement « pourraient se poursuivre dans les prochains mois ».

En attendant, l'ASNM a décidé d'autoriser « à titre dérogatoire et temporaire » la substitution par un médicament équivalent, même lorsque la mention « non substituable » figure sur l'ordonnance. Le pharmacien devra alors orienté le patient vers son médecin traitant dans les 3 à 6 semaines suivant la délivrance « afin de s'assurer du maintien de l'équilibre thérapeutique ».

De son côté, Merck Serono, avec l'accord de l'ASNM, conseille aux pharmaciens de ne commander que les quantités strictement nécessaires et de délivrer le médicament pour un mois maximum. Un numéro vert d'urgence a été mis en place dans les pharmacies mais il faut compter 48 à 72 heures pour que le Lévothyrox soit livré. Mieux vaut donc ne pas attendre la fin de la plaquette pour faire renouveler son ordonnance.