Champ soja agriculture

Le monde doit désormais se préparer à la fois au changement climatique et aux sécheresses de plus en plus fréquentes et intenses. Promouvoir la conservation de l’eau pour augmenter la résilience du monde agricole est un enjeu de taille. Créée en 2017, la startup charentaise Elicit Plant peut répondre au défi mondial du stress hydrique des cultures grâce au développement d’un biostimulant innovant à base de phytostérols. Cette solution a séduit de nombreux investisseurs et permis la levée de 16 millions d’euros lors d’un premier tour de table. Coup de projecteur sur Elicit Plant, une ferme de précision qui pourrait détenir les clés de la résilience des grandes cultures face au changement climatique.

Changement climatique et sécheresse

Comment le changement climatique influe sur le phénomène de sécheresse ?

Le réchauffement climatique augmente les risques d’aggravation de la sécheresse dans de nombreuses régions du monde. Des températures plus chaudes favorisent l’évaporation ce qui réduit les eaux de surface et assèche les sols et la végétation.

Le changement climatique modifie également le moment de la disponibilité en eau. Certains modèles climatiques constatent que le réchauffement augmente la variabilité des précipitations : à l’avenir, il y aura davantage de précipitations extrêmes et de sécheresse.

Dans certaines régions, les sécheresses peuvent persister à travers un cercle vicieux, dans lequel des sols très secs et une couverture végétale réduite absorbent plus de rayonnement solaire et se réchauffent. Ce phénomène encourage la formation de systèmes à haute pression qui suppriment davantage les précipitations, conduisant une zone déjà sèche à devenir encore plus sèche, comme le Sud de la France par exemple.

Les menaces posées par la sécheresse

La sécheresse pose un certain nombre de menaces à l’échelle planétaire, en particulier concernant l’approvisionnement en eau :

  • Les sécheresses sont définies par leur manque en eau. Pendant les sécheresses, les populations peuvent avoir un accès limité à l’eau pour l’usage domestique ainsi que pour l’agriculture. Les sécheresses peuvent entraîner une augmentation des coûts de l’eau, un rationnement ou même la décimation d’importantes sources d’eau comme les puits et certaines étendues nécessaires à l’agriculture.
  • Elles affectent également le bétail et les cultures, y compris le maïs, le soja et le blé. À l’échelle mondiale, la grande sécheresse de 2012 a frappé plusieurs grandes régions agricoles simultanément, ajoutant à l’instabilité des prix alimentaires. Dans certains pays déjà confronté à l’insécurité alimentaire, les flambées des coûts ont entraîné des troubles sociaux, des migrations et la famine.

D’une manière générale, les sécheresses ont également des implications négatives sur les transports, la production d’électricité ou encore la santé publique.

Il est donc urgent de trouver des solutions qui renforcent la résilience à la sécheresse comme la conservation de l’eau. La jeune pousse française Elicit Plant semble être prête à relever ce défi.

Comment Elicit Plant peut changer l’avenir de l’agriculture mondiale

BeST-A, un produit agricole d’innovation disruptive

Créée en 2017, la ferme de précision Elicit Plant a énormément investi en recherche et développement pour mettre au point une technologie capable de répondre aux enjeux mondiaux du stress hydrique des cultures.

Au terme de cinq années de travail acharné, c’est désormais chose faite. Elicit Plant a développé une solution novatrice sur le marché de la résistance au stress hydrique, qui fait partie du marché mondial des biostimulants agricoles évalué à 4 milliards d’euros.

Cette technologie de rupture protégée par quatre brevets repose sur l’apport exogène de phytostérols. Les phytostérols sont des molécules lipidiques d’origine végétale renforçant la résistance des plantes au stress hydrique. L’apport exogène en phytostérols permet ainsi aux plantes de maintenir leur activité métabolique sous de faibles potentiels d’eau, ce qui réduit les pertes de rendement en cas de sécheresse.

Bon à savoir : une technologie de rupture est une innovation technologique qui porte sur un produit ou un service et qui finit par bouleverser le fonctionnement d’un secteur, crée de la croissance et renverse les rapports de force qui régissent ce dernier.

Champ agriculture mais

C’est la première fois que cette matière active organique naturelle est valorisée en application agricole. Elle a été identifiée par Olivier Goulay, vice-président du développement international et cofondateur d’Elicit Plant, puis développée par deux autres fondateurs, Jean-François Déchant, président et serial entrepreneur, et Aymeric Molin, directeur du pôle R&D et propriétaire de la ferme.

Le BeST-A permet de diminuer les effets du stress hydrique sur les cultures en conditions sèches et de réduire la consommation d’eau en culture irriguée. Les phytostérols ont un effet direct sur la résistance au stress hydrique en limitant l’évapotranspiration et en induisant une prospection des horizons de sol plus profonds, augmentant ainsi le volume d’eau disponible pour sa croissance.

"Quand une plante est soumise à un stress, elle va adapter sa physiologie et modifier sa teneur en phytostérol. Elle agit sur sa perméabilité membranaire. L'idée est de faire avoir cette réaction à une situation de stress en anticipation. C'est comme un vaccin, il faut préparer le corps à réagir. Avec notre traitement, la plante va fermer ses pores partiellement et va moins évaporer d'eau", commente Aymeric Molin à La Tribune.

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Pour le moment, seules les cultures de maïs et de soja sont concernées, avec des essais démontrant un gain de rendement pouvant aller jusqu’à 20%, certifié par les instituts français et internationaux. Un dossier est également en cours d’instruction sur le tournesol. Des études sont parallèlement conduites sur les céréales à paille (farines de blé et d’orge) et le coton.

« Grâce au BeST-A, les agriculteurs ont la capacité de sécuriser le capital génétique de leur maïs et de leur soja, même durant les périodes de manque d’eau. L’optimisation des performances en termes de récolte s’explique à la fois par une meilleure valorisation de l’eau disponible dans le sol, mais aussi par une augmentation du réservoir d’eau utilisable par la plante », précise Aymeric Molin.

Le BeST-A se présente sous la forme d’émulsion et est conditionné en bidon de 5 et 10 litres, proposé au tarif culture de 40 euros par hectare, notamment auprès des coopératives comme Océalia. Il suffit d’une dose d’un litre par hectare. Elicit Plant recommande de pulvériser le produit au stade 8-10 feuilles pour le maïs et troisième feuille trifoliée pour le soja.

16 millions d’euros pour dynamiser la commercialisation du BeST-A

Le 7 février 2022, dans un communiqué de presse, Elicit Plant annonçait avoir levé 16 millions d’euros pour son premier tour de table, dont 12 millions apportés par Sofinnova Partners. Bpifrance, ECBF, Naco, Crédit Agricole CPE et la Région Nouvelle-Aquitaine ont également participé à ce financement.

« Le soutien très significatif que nous apporte des investisseurs aussi renommés à l’échelle internationale que Sofinnova Partners et ECBF, témoigne de la qualité de notre technologie et du formidable potentiel de notre solution. Nous sommes désormais idéalement positionnés pour accélérer notre développement et apporter aux agriculteurs une solution inédite leur permettant de répondre efficacement aux défis du changement climatique et de devenir à horizon 5 ans un champion mondial de la transition écologique de l’agriculture », déclarait Jean-François Déchant à l’issue de la levée de fonds.

Plantation soja

Michaël Krel, Partner chez Sofinnova Partners, poursuivait : « Elicit Plant réunit les trois composantes indispensables au succès d’une entreprise d’agri-biotech à fort impact environnemental : approche scientifique de rupture, connaissance éprouvée du monde agricole et savoir-faire entrepreneurial. Nous sommes très heureux de nous associer à une équipe aussi talentueuse, visionnaire et ambitieuse dont les produits peuvent avoir un impact positif aussi important ».

« Elicit Plant s'attaque au stress hydrique, un point sensible pour l'agriculture et un besoin non satisfait pour les agriculteurs du monde entier dans leur lutte contre les défis climatiques. Sa technologie propriétaire unique ouvre le champ à une classe entière de molécules naturelles. En s'appuyant sur ses solides bases scientifiques et technologiques, Elicit Plant est prêt à conquérir de grands marchés internationaux », concluait Michael Brandkamp, cofondateur de l’ECBF.

Les fonds seront employés pour la commercialisation des produits d’Elicit Plant en France et sur plusieurs marchés clés en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Ils serviront également à consolider la plateforme scientifique en renforçant les équipes, à agrandir les laboratoires en France et dans sa filiale brésilienne, et à conduire de nouvelles recherches sur d’autres types de cultures afin de diversifier le portefeuille de produits.

Par exemple, côté emploi, Elicit Plant est déjà passé de 15 à 29 salariés en trois mois et prévoit un effectif de 40 fin 2022, puis 75 en 2023, peut-on lire sur Charente Libre. L’actuel laboratoire de biologie de 150 m² sera agrandi de 100 m² au sol, et un laboratoire dédié à la chimie de 200 m² sera installé à proximité.

Pour conclure

Armé de son BeST-A innovant et de 16 millions d’euros de fonds levés, Elicit Plant souhaite bien concrétiser son objectif premier : se positionner comme leader de la transition durable en agriculture. Sa technologie disruptive, certifiée par les instituts français et internationaux, semble promettre un véritable virage dans les pratiques agricoles d’échelle et apporter une réponse solide face aux menaces du changement climatique.