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La nourriture que nous consommons est responsable d’un tiers des émissions mondiales des gaz à effet de serre causées par les activités humaines. Certes, les vaches sont une source majeure de méthane qui, comme les autres gaz à effet de serre, emprisonne la chaleur dans l’atmosphère. Mais avec l’augmentation de la population et de la consommation de viande, c’est désormais l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement alimentaire qui est devient l’un des principaux moteurs d’émissions : toutes les étapes qui acheminent les aliments de la ferme à nos assiettes font passer les émissions liées à l’alimentation de 20 à 33%. Éclairages avec nos experts.

Les pays émergents émettent de plus en plus de gaz à effet de serre

Ces dernières années, la communauté scientifique agronomique a acquis une meilleure compréhension des émissions mondiales liées à l’homme grâce à des bases de données comme EDGAR (Emission Database for Global Atmospheric Research) développée par l’Union européenne. Cette base de données couvre les activités humaines de chaque pays, de la production d’énergie à l’enfouissement des déchets, de 1970 à nos jours.

À partir d’EDGAR, des chercheurs ont créé une base de données complémentaire sur les émissions liées au système alimentaire : EDGAR-FOOD. Cette base de données répartit les émissions du système alimentaire en quatre grandes catégories :

  • La terre : comprenant notamment l’agriculture et les changements d’affectation des terres connexes ;
  • L’énergie : utilisée pour produire, transformer, emballer et transporter les produits ;
  • L’industrie : incluant la production de produits chimiques utilisés dans l’agriculture et de matériaux nécessaires pour emballer les aliments ;
  • Les déchets : provenant des aliments non utilisés.

Selon les données issues des calculs d’EDGAR-FOOD, le secteur de la terre est le plus grand responsable des émissions du système alimentaire, représentant environ 70% du total mondial. Mais le tableau est différent d’un pays à l’autre :

  • Les États-Unis et d’autres pays développés dépendent de mégafermes hautement centralisées pour une grande partie de leur production alimentaire. Ainsi, les catégories énergie, industrie et déchets représentent plus de la moitié des émissions du système alimentaire de ces pays.
  • Dans les pays en développement, l’agriculture et l’évolution de l’utilisation des terres sont les contributeurs les plus importants. Les émissions dans les pays historiquement moins développés ont également augmenté au cours des 30 dernières années. Ces pays ont en effet réduit leurs zones sauvages pour laisser place à l’agriculture industrielle et ont commencé à consommer plus de viande, un autre contributeur majeur aux émissions avec des impacts dans les quatre catégories.

En conséquence, l’agriculture et les changements de paysage connexes ont entraîné des augmentations importantes des émissions du système alimentaire dans les pays en développement au cours des dernières décennies, tandis que les émissions dans les pays développés ont assez peu augmenté. Par exemple, les émissions alimentaires de la Chine ont augmenté de près de 50% entre 1990 et 2018, en grande partie en raison d’une augmentation de la consommation de viande. En 1980, le Chinois moyen consommait environ 30 grammes de viande par jour. En 2010, il en mangeait presque cinq fois plus, soit un peu plus de 150 grammes.

Les pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre

Ces dernières années, six économies ont été responsables de plus de la moitié des émissions alimentaires mondiales totales. Ces économies sont, dans l’ordre, la Chine, le Brésil, les États-Unis, l’Inde, l’Indonésie et l’Union européenne.

En Chine et en Inde, ce sont leurs importantes populations qui contribuent à élever les émissions. Au Brésil et en Indonésie, c’est l’abattage de vastes étendues de leurs forêts tropicales pour faire place à l’agriculture qui est responsable. Lorsque ces arbres sont abattus, de grandes quantités de carbone s’échappent dans l’atmosphère.

Enfin, les États-Unis et l’Union européenne figurent sur la liste en raison de leur forte consommation de viande. Aux États-Unis, la viande et d’autres produits d’origine animale contribuent à la grande majorité des émissions liées à l’alimentation. Les déchets sont également un problème aux États-Unis : plus d’un tiers des aliments produits ne sont jamais réellement consommés, selon un rapport de 2021 de l’Agence américaine de protection de l’environnement. Lorsque des aliments ne sont pas consommés, les ressources utilisées pour les produire, les transporter et les emballer sont gaspillées. De plus, la nourriture non consommée finit dans des décharges, qui produisent du méthane, du dioxyde de carbone et d’autres gaz à mesure que la nourriture se décompose.

 

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La consommation de viande entraîne des émissions

Les défenseurs du climat militant pour la réduction des émissions alimentaires se concentrent souvent sur la consommation de viande. En effet, les produits d’origine animale entraînent des émissions bien plus importantes que les plantes : respectivement 57% contre 29%. La production animale utilise davantage de terres que la production végétale, et la production de viande est très inefficace.

Par exemple, si nous consommons 100 calories de céréales, comme le maïs ou le soja, nous obtenons ces 100 calories. Toute l’énergie de la nourriture est directement livrée à la personne qui la consomme. Mais si les 100 calories de céréales sont plutôt données à une vache ou à un cochon, lorsque l’animal est tué et transformé en nourriture, seulement un dixième de l’énergie de ces 100 calories de céréales va à la personne qui consomme l’animal.

La production de méthane par les vaches élevées en plein air est un autre facteur d’émission du système alimentaire : les vaches libèrent ce gaz via leur fumier, leurs rots et leurs flatulences. Le méthane emprisonne 30 fois plus de chaleur par tonne émise que le dioxyde de carbone. Ainsi, les émissions de bovins peuvent avoir un impact démesuré. Ces émissions générées par le bétail représentent 32% des émissions mondiales de méthane, selon un rapport de l’ONU de 2021.

Passer de la viande aux végétaux, la solution ?

Selon une étude menée en 2020, sur la base des données fournies par EDGAR-FOOD, produire le régime alimentaire d’un Américain moyen génère plus de 2 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre par an. Se priver de viande un jour par semaine ramène ce chiffre à environ 1,6 tonne d’équivalent CO2 par an et par personne. Manger végétalien deux repas sur trois par jour fait passer ce chiffre à 740 kg. Et ne pas consommer du tout de viande, de produits laitiers ou d’autres produits d’origine animale réduit les émissions de 87%, soit 300 kg par personne et par an.

Limiter les émissions de gaz à effet de serre signifie combiner une alimentation principalement végétale avec des produits animaux provenant de sources plus respectueuses du climat qui ne perturbent pas les systèmes écologiques. Par exemple, les insectes, les petits poissons comme les sardines, les huîtres et autres mollusques.

Bien sûr, tout le monde n’a pas besoin de devenir végétarien ou végétalien pour sauver la planète, car la viande peut avoir une valeur culturelle et nutritionnelle importante. Cependant, la communauté scientifique s’accorde sur le fait que si l’on veut consommer responsable, il faut commencer par limiter la consommation du plus gros pollueur : le bœuf, représentant 25% du total.

Pour conclure

Modifier ses choix alimentaires peut préserver la planète. Une étude publiée dans Nature Food en 2022 a révélé que si les populations de 54 pays à revenu élevé passaient à un régime axé sur les plantes, les émissions annuelles de la production agricole de ces pays pourraient chuter de plus de 60%.