Pour les pouvoirs publics, les exploitations agricoles diffèrent des entreprises traditionnelles car elles appartiennent à un secteur d’activité essentiel pour l’économie française. Pour cette raison, la transmission d’une exploitation agricole familiale est fortement encadrée.
Lorsque vous reprenez une exploitation familiale, il est essentiel de bien comprendre le cadre légal et social dans lequel vous évoluerez. Renseignez vous sur le régime agricole afin de vous assurer que vous êtes bien préparé pour cette transition.
Il est aussi essentiel de bien préparer son projet, notamment en élaborant un business plan solide afin de structurer vos objectifs et d'optimiser vos chances de réussite.
Les exploitations agricoles sont historiquement des entreprises familiales dont la transmission s’effectue à titre gratuit au profit d’un descendant, conjoint ou collatéral. Ainsi, la plupart du temps, le cédant effectue une donation à un bénéficiaire. Cette donation peut être de différentes natures :
Si votre parent souhaite rester propriétaire de sa ferme, il est également possible de lui louer l’exploitation agricole afin de poursuivre l’activité, notamment via un bail à ferme (bail rural) de 9 ans, un bail à long terme ou un métayage.
Si vous désirez reprendre l’exploitation agricole familiale en-dehors d’une transmission par donation ou d’une location, vous avez la possibilité de racheter l’exploitation avec ses actifs (matériels, stocks, machines, bêtes, plants, ruches…) et de vous installer en entreprise individuelle. Vous pouvez également racheter les parts de votre parent dans le cadre d’une société civile ou commerciale.
Les successions sont souvent sources de conflits. Dans le meilleur des mondes, vous êtes le seul héritier et le conjoint survivant ne revendique aucune indemnisation à la disparition du cédant. En pratique, c’est un peu plus compliqué.
Pour l’État français, le secteur primaire est primordial et il a toujours voulu assurer la survie des petites exploitations. En ce sens, de nombreuses lois ont été promulguées afin de protéger les concessions, notamment sur le principe de l’indivision qui rend impossible le partage par les héritiers des éléments qui composent une ferme. En d’autres termes, le bien ne peut être légué qu’en totalité et à une seule personne, laquelle pourra poursuivre l’activité.
Ainsi, le législateur a prévu deux solutions pour éviter les conflits entre les éventuels héritiers
Plus d’infos sur l’attribution préférentielle et du droit au salaire différé.
Si le foncier était en fermage, la transmission des biens loués nécessite une cession du bail rural ou la conclusion d’un nouveau bail entre le vous et le bailleur, effectif à la date de reprise. La cession du bail rural, bien qu’interdite, est autorisée dans le cadre familial entre le cédant et son conjoint (ou partenaire pacsé), ses enfants et petits-enfants, avec l’accord du bailleur. Si le foncier était en propriété, votre parent doit vous le vendre ou le louer afin que vous puissiez continuer à l’exploiter.
Une règlementation de reprise familiale très stricte : La reprise d’une exploitation familiale est soumise à une réglementation stricte relative au contrôle des structures. En effet, toute personne qui s’installe ou agrandit l’exploitation agricole doit obtenir une autorisation d’exploiter. Toutefois, en cas de donation ou de succession d’un parent ou allié jusqu’au 3e degré inclus, il vous suffit d’une simple déclaration préalable sur papier libre si vous réunissez par ailleurs quatre conditions cumulatives :
Quel que soit votre profil de repreneur familial, la déclaration doit être adressée à la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) où est situé le bien faisant l’objet de la déclaration. Cette demande peut être adressée par voie postale par lettre recommandée ou par voie électronique.
Il est possible que le régime de la déclaration ne soit pas applicable. Vous serez alors soumis au régime d’autorisation. Vous en serez informé par lettre recommandée signée du préfet ou de la DRAAF (Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) et serez invité à fournir dans les plus brefs délais vos observations ou à déposer une demande d’autorisation d’exploiter. En savoir plus.
Lors de la reprise de l’exploitation agricole familiale, il est indispensable d’accorder une attention particulière à un certain nombre d’autres points, notamment :
La reprise d'une exploitation agricole familiale exige une bonne préparation en amont. Il peut être ainsi intéressant d’envisager, en famille, les possibilités offertes pour optimiser la fiscalité liée à l’opération. A ce titre, le pacte Dutreil représente un outil de choix pour réduire drastiquement les droits de succession ou de donation d’une exploitation agricole familiale. Ce dispositif, encadré par des engagements précis, permet aux héritiers de bénéficier d'une exonération partielle ou totale de la valeur des titres transmis, pouvant atteindre jusqu'à 75%.
Concrètement, pour en profiter, il convient de rédiger un pacte sous forme de statuts de société ou de testament notarié. Les bénéficiaires s'engagent ensuite à conserver les titres de l'exploitation pendant une durée minimale de 4 ans et à poursuivre son activité agricole durant au moins 3 ans.
Ce cadre fiscal avantageux est donc un atout clé à considérer pour la pérennisation des exploitations agricoles familiales. N'hésitez pas à vous rapprocher d'un notaire ou d'un professionnel des questions fiscales pour bénéficier d'un conseil personnalisé et vous accompagner dans la mise en place de ce dispositif.
Si vous envisagez de reprendre la ferme familiale, il est judicieux de vous rapprocher du Point d’Accueil Installation (PAI) de votre département. Des conseillers vous informeront et vous guideront tout au long du processus de reprise. Ils vous orienteront également vers des structures appropriées pour mener à bien votre projet de reprise (expertise des conditions de reprise, PPP, organismes de formation, etc.).
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