L’agroforesterie est un système de gestion de l’utilisation des terres dans lequel des arbres ou des arbustes sont cultivés autour ou parmi les cultures ou les pâturages. Cela comprend les arbres dans les exploitations et les paysages agricoles, l’agriculture dans les forêts et le long de leurs lisières, ainsi que la plantation d’arbres greffés.
Alors que les forêts naturelles sont défrichées pour l’agriculture et d’autres types de développement, les avantages que procurent les arbres sont mieux préservés en les intégrant dans des paysages agricoles productifs. Cette pratique n’est pas nouvelle, elle possède une longue histoire qui remonte à des millénaires, à l’époque où l’Homme était un chasseur-cueilleur.
L'agroforesterie peut être appliquée à diverses cultures, y compris la viticulture, où elle offre des avantages spécifiques pour la gestion des vignes. Pour en savoir plus sur l'intégration de l'agroforesterie dans la viticulture, consultez cet article sur l'agroforesterie et la vigne.
Les interactions entre les arbres et d’autres composantes de l’agriculture peuvent être importantes à différentes échelles :
L’agroforesterie est un système agricole et forestier qui essaie d’équilibrer divers besoins :
L’agroforesterie implique une large gamme d’arbres qui sont protégés, régénérés, plantés ou gérés dans des paysages agricoles, car ils interagissent avec les cultures annuelles, le bétail, la faune et l’Homme.
La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), fondatrice du concept d’agriculture climato-intelligente en 2010, donne une définition simple : il s’agit « d’une agriculture qui augmente la productivité et la résilience (adaptation) des cultures de manière durable, favorise la réduction/élimination des gaz à effet de serre (atténuation), améliore la sécurité alimentaire nationale et contribue à la réalisation des objectifs de développement du pays ».
Ainsi, les systèmes agroforestiers peuvent être avantageux par rapports aux méthodes conventionnelles de production agricole et forestière. Ils peuvent offrir une productivité accrue, des avantages économiques et une plus grande diversité dans les biens et services écologiques fournis. Par ailleurs, l’agroforesterie peut contribuer de manière significative à l’atténuation du changement climatique et participe à l’adaptation agricole.
À l’échelle locale, les arbres plantés sur des terres agricoles créent un microclimat et contribuent à protéger les cultures du vent, du grand froid, de la sécheresse mais également des aléas naturels tels que les inondations et les tempêtes.
L'agroforesterie a aussi des impacts de grande envergure à l'échelle mondiale. L'augmentation de la couverture verte aide à réduire les gaz à effet de serre grâce à la capacité de séquestration du carbone des arbres, à inverser le réchauffement climatique et à bloquer l'élévation du niveau de la mer. Correctement mise en œuvre, l’agroforesterie permet également de reconstituer les aquifères profonds au fil des siècles et même des millénaires.
La biodiversité dans les systèmes agroforestiers est généralement plus élevée que dans les systèmes agricoles conventionnels. Deux ou plusieurs espèces de plantes en interaction dans une zone donnée créent un habitat plus complexe qui peut accueillir une plus grande variété de faune.
Une terre appauvrie peut être protégée de l’érosion du sol par les plantes couvre-sol telles que les graminées à croissance naturelle dans les systèmes agroforestiers. Ceux-ci aident à stabiliser le sol en augmentant la couverture par rapport aux systèmes de culture à cycle court. Une eau plus propre grâce à une réduction des nutriments et du ruissellement peut être un autre avantage de l’agroforesterie.
Bien que les avantages de l’agroforesterie retiennent l’attention au niveau national et international et qu’un corpus littéraire scientifique en apporte des preuves, cette pratique durable reste confrontée à des nombreux défis et obstacles.
Voici les principaux inconvénients de l’agroforesterie :
Parmi les centaines d’exemples d’agroforesterie réussis en France, on peut retenir la Ferme de la Durette ou encore le La Basse-Cour du Bois Gourmand à Fourquevaux dans le Lauragais (Occitanie) qui a choisi l’élevage de poules en plein air et la production d’œufs au milieu d’un immense écosystème d’arbres. Ceux-ci ont été plantés selon un quadrillage de 10 mètres sur 10 afin de créer de l’ombrage, le tout sur 18 000 m² de parcelle.
Au total, plus de 160 arbres de 16 espèces différentes ont été disposés dans les parcours enherbés des poules. Parmi eux, 30 fruitiers greffés de variétés anciennes qui produisent des fruits toute l’année (cerises, prunes, poires, pommes). En périphérie des parcours, 250 mètres de haies champêtres ont été plantées, soient 250 arbres de haut et moyen jet, et des arbres buissonnants haut et bas (merisiers, noyers, tilleuls, alisiers, charmes, figuiers, noisetiers, églantiers…).
Face à l'érosion constante du bocage français (- 20 000 km de haies par an ces dernières années), le gouvernement français a lancé fin 2023 un ambitieux Pacte en faveur de la haie et l'agroforesterie. Il s’inscrit dans la lignée de la mesure « Plantons des haies », initiée en 2021 dans le cadre du plan France Relance.
Ce plan, doté de 110 millions d'euros, a pour objectif un gain net de 50 000 km de haies d'ici 2030. Plantations, soutien financier, développement de filières durables, renforcement des compétences... Les actions prévues sont multiples et visent à mobiliser l'ensemble des acteurs concernés. Le premier appel à projet a été ouvert en mars 2024.
Avec ses 1,6 million d'hectares dédiés à l'agroforesterie, la France possède un atout précieux à préserver. Le Pacte en faveur de la haie et l'agroforesterie s'inscrit dans une dynamique prometteuse pour valoriser ce patrimoine naturel et contribuer à relever les défis environnementaux majeurs de notre époque.
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