Les agriculteurs sont particulièrement touchés par les problèmes respiratoires. Dès les premiers symptômes, il faut agir vite et prendre les mesures de prévention adéquates car les conséquences sur la santé peuvent être graves et aller parfois jusqu'à la cessation d'activité.

Quelles maladies et comment s'en protéger ?

Plus de 10 % des agriculteurs souffrent d’une maladie respiratoire (chronique ou aiguë) en lien avec leur activité professionnelle. En cause notamment, les poussières et l’exposition à des produits chimiques destinés aux cultures (pesticides, produits phytosanitaires). Une toux persistante, un essoufflement, de la fièvre, un rhume qui s'éternise... sont des signes qu'il ne faut pas prendre à la légère. Face à ces symptômes, il est primordial de consulter rapidement un  médecin traitant qui orientera le malade vers un pneumologue et/ou un allergologue le cas échéant.

Tour d'horizon des principales affections

La rhinite et l'asthme allergiques sont très fréquents. Ils se déclenchent quand l'agriculteur est en contact avec un ou plusieurs allergènes ou avec certains pesticides. La rhinite se manifeste par le nez bouché, des éternuements fréquents et l'asthme par des sifflements respiratoires, de la toux et  un essoufflement.

La première mesure à prendre, c'est l'éviction des allergènes. Le médecin prescrira un traitement à base de broncho-dilatateur en aérosol et de cortisone afin de combattre l'inflammation. Attention, l’asthme peut être confondu avec la bronchite chronique, seul l’allergologue pourra faire la distinction à l’aide de tests allergiques.

La bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO se rencontre surtout chez les éleveurs qui travaillent en milieux confinés (en raison des gaz et des toxines qui sont mal évacués).

Les agriculteurs travaillant à proximité de silos à grains ou installés dans les régions où les fourrages sont riches en micro-organismes, surtout dans les régions humides, y sont particulièrement sensibles. D'une manière générale, les poussières contenant des toxines microbiennes peuvent déclencher la maladie. Cette dernière se manifeste par une toux matinale, des crachats, une difficulté à respirer, une oppression thoracique. A noter : une bronchite chronique peut aboutir au développement d'une BPCO. Là encore, le traitement consiste en l'éviction complète du milieu, le temps de la crise. Le médecin prescrira des bronchodilatateurs et une assistance en oxygène pour les cas les plus graves. Le tabac est bien sûr totalement proscrit.

Il existe également les bronchopneumopathies « toxiques » qui se déclenchent en réaction aiguë à l’inhalation soudaine d’une grosse quantité de poussières de moisissures ou de végétaux contenant des bactéries… Les symptômes sont une fièvre élevée, des frissons, des courbatures, des maux de tête, des nausées, une toux ainsi qu’une oppression thoracique. Ces bronchopneumopathies peuvent évoluer en bronchite chronique. Il faut se soustraire aux allergènes et suivre un traitement pour calmer la crise.

Focus sur deux affections  spécifiques au monde agricole

  • Le poumon de fermier

Cette maladie respiratoire affecte principalement les éleveurs de bovins. Il s'agit d'une maladie allergique causée par la respiration de poussières de foin moisi, mais aussi de paille, de maïs, de céréales... Le poumon de fermier survient le plus souvent en hiver ou lors de printemps humides. Environ 2 à 5 % des agriculteurs seraient concernés.

Les signes peuvent être une réaction allergique soudaine, environ 4 à 8 heures après la mise en contact avec la poussière de foin moisi, mais aussi : un essoufflement, une toux sèche et irritante, un mal-être, une fièvre et un rythme cardiaque rapide. Ils peuvent disparaître en quelques jours, même s'il arrive qu'ils durent quelques semaines.

La maladie peut devenir chronique chez des agriculteurs continuellement exposés à de grandes quantités de poussières de moisissures.

Quel traitement ?

L'évitement de l'allergène est la première des mesures. Dans les cas graves, la personne atteinte doit s'aliter. On peut lui administrer de l'oxygène pour soulager l'essoufflement ainsi que des corticoïdes et des broncho-dilatateurs. A l'heure actuelle, il n'existe pas de traitement pour faire disparaître cette maladie. Une fois la personne sensibilisée, elle peut le demeurer pendant des années ou même toute sa vie.

Comment prévenir ?

Toutes les manières de réduire les poussières sont à privilégier :

·         faire sécher les récoltes dans des lieux secs, bien ventilés afin de limiter les moisissures ;

·         bien aérer les bâtisses, mouiller les sols avant de balayer les écuries et les étables pour éviter de soulever de la poussière de moisissure ;

·         porter un masque (degré de protection P2, P3). Attention, ces masques ne protègent pas contre les produits phytosanitaires ;

·         enlever systématiquement ses vêtements de travail avant de rentrer chez soi, se doucher.

La maladie du poumon de fermier peut être reconnue comme maladie professionnelle.

  • Maladie des éleveurs d'oiseaux

C'est une maladie respiratoire qui affecterait entre 6 et 21 % des éleveurs. Elle est provoquée par une exposition répétée de l'organisme à des substances contenues dans les déjections des oiseaux, dans les œufs et les plumes. Les éleveurs de pigeons et les volaillers sont particulièrement touchés. Les responsables sont les tourterelles, les canards, les faisans, les dindes et les poulets. Un seul oiseau suffit à provoquer la maladie. Les éleveurs se contaminent au moment du nettoyage des lieux d'élevage, lorsqu'ils respirent les poussières d'excréments ou de plumes. Les signes apparaissent en général 6 à 8 heures après l'exposition. Ils peuvent se manifester sous une forme aiguë : toux sèche, essoufflement, fièvre ; et beaucoup plus rarement : maux de tête, frissons ou douleurs musculaires. Sous sa  forme chronique, les symptômes sont une toux tenace, une fièvre légère, un essoufflement croissant, un amaigrissement parfois important et une fatigue inhabituelle.

La première mesure est l'évitement des oiseaux. Pour calmer les symptômes, un traitement médicamenteux complémentaire est parfois nécessaire.

Les gestes de  prévention sont simples :

·         aérer les cages ou pigeonniers le plus possible ;

·         aspirer régulièrement les sols et les parois ;

·         protéger les surfaces avec une peinture anti-moisissures, antibactérienne, anti-acariens... ;

·         faire un grand nettoyage (eau, brosse) au moins une fois par an.

Souvent installés loin des cabinets médicaux et des structures de soins, les agriculteurs ont du mal à quitter leur exploitation pour consulter. Pourtant, les risques de maladies respiratoires chez eux sont réels et doivent être pris au sérieux.

C’est notamment pour cette raison que le Groupe Mutualia s’engage sur la prévention de ces pathologies en soutenant l’événement Respirh@cktion.

Respirh@cktion réunit pendant un week-end une quinzaines d’équipes qui travaillent à trouver des solutions digitales pouvant dédiées aux patients atteints de maladies respiratoires. Applications, robotique, site, tout est imaginable et imaginé par des professionnels de santé, des patients et les porteurs de projets.

Mutualia sera pour la première fois partenaire et membre du jury de l'édition 2018.

Pour plus d’informations sur cet événement, cliquez ici.