aliments-réchauffement-climatique

Le changement climatique modifiera inéluctablement ce que nous consommerons dans notre assiette dans l’avenir. En effet, la plupart des cultures conventionnelles ne sont pas résilientes. Pour faire face au changement climatique, l’idée serait peut-être de sélectionner des cultures plus résistantes, comme les moules, le millet ou encore le manioc. Découvrez six aliments hautement résistants, durables et riches en nutriments qui pourraient gagner en popularité au cours des prochaines décennies.

Diversifier notre panier alimentaire face au réchauffement climatique

Aujourd’hui, seulement 13 cultures fournissent 80% de l’apport énergétique de la population mondiale. Environ la moitié des calories proviennent du blé, du maïs et du riz. Pourtant, ces cultures risquent ne pas s’adapter à des températures plus élevées, aux précipitations imprévisibles et aux phénomènes météorologiques extrêmes causés par le changement climatique. Déjà, la sécheresse, les vagues de chaleur et les crues soudaines endommagent les cultures du monde entier et mettent en péril la sécurité alimentaire.

Nous devons diversifier donc notre panier alimentaire. Et cela concerne à la fois ce que nous mangeons et la façon dont nous cultivons. Désormais, il est impératif d’investir dans toutes les solutions à notre portée pour diminuer notre impact sur le changement climatique : sélectionner des cultures pour qu’elles soient plus résistantes au climat, modifier génétiquement des aliments en laboratoire et étudier des cultures que nous ne connaissons pas assez.

Pour nourrir une population croissante dans un monde en mutation rapide, les scientifiques de l’alimentation explorent de nombreuses pistes, tout en réfléchissant à la manière d’être respectueux de l’environnement.

Découvrez six aliments qui pourraient bientôt finir dans votre assiette

Les préférences des consommateurs font bien sûr partie de l’équation. Une question de goût mais aussi de prix. Voici six aliments qui pourraient cocher toutes les cases et mériteraient de figurer sur les menus des restaurants et les étagères des épiceries.

Le millet

Les Nations Unies ont déclaré 2023 l’année internationale du mil, ou millet. Le quinoa a remporté le même honneur en 2013 et ses ventes ont explosé. Cultivé pour la première fois en Asie il y a environ 10 000 ans, le millet est une céréale de base dans certaines régions d’Asie et d’Afrique. Comparé au blé, au maïs et au riz, le millet est beaucoup plus résistant au climat. Sa culture nécessite peu d’eau et il prospère dans des environnements particulièrement chauds et secs.

Le millet est l’une des nombreuses céréales anciennes, comme le teff, l’amarante et le sorgho qui sont tout aussi durables et résistantes. Sans parler de leur capacité à être transformées en bière.

Le millet est une source importante de glucides, protéines et minéraux (potassium, phosphore et magnésium). Il se présente en grains, en flocons ou en farine. Il peut se substituer à la plupart des céréales et ainsi être cuisiné en muesli, tortilla, bouillie, risotto…

Le pois bambara

Vous avez certainement entendu parler du lait d’amande et du lait de soja. La prochaine alternative pourrait être à base de pois bambara, une légumineuse tolérante à la sécheresse originaire d’Afrique subsaharienne. Comme les autres légumineuses, le pois bambara regorge de protéines, de fibres et de minéraux (potassium, magnésium et fer).

Les bactéries présentes sur la plante convertissent l’azote atmosphérique en ammoniac, de sorte que le pois pousse parfaitement bien dans un sol pauvre en nutriments et sans engrais chimiques. Mieux, le pois bambara a aussi la capacité d’accroître la qualité du sol en le rendant plus fertile.

Selon les spécialistes, une meilleure compréhension de la plante pourrait ouvrir la voie à des programmes de sélection pour aider cette dernière à devenir aussi populaire que le soja, une légumineuse qui produit des rendements élevés mais qui est moins tolérante à la sécheresse.

La moule

Un délicieux plat de pâtes aux moules pourrait bientôt devenir un incontournable des soirs de semaine au menu familial. Selon une étude publiée dans le magazine Nature, les moules et autres bivalves, comme les huîtres, les palourdes et les pétoncles, pourraient représenter environ 40% des fruits de mer d’ici 2050.

N’ayant nul besoin d’être arrosées ou fertilisées, les fermes de bivalves sont parfaites pour une production à grande échelle, ce qui ferait baisser les prix pour les consommateurs. Par ailleurs, parmi tous les bivalves, les moules se distinguent comme « super résistantes » et « super nutritives » (riches en protéines, oméga-3, vitamine B12 et minéraux tels que fer, manganèse et zinc), mais elles restent sous-estimées.

Un inconvénient toutefois : les créatures formant les coquilles sont menacées car l’augmentation des niveaux de carbone augmente l’acidification des océans. Mais le varech pourrait être en mesure d’aider la production de moules.

 

bouton-devis

Le varech

Le varech est un mélange d’algues marines que l’on retrouve très souvent le long des littoraux. Il possède plusieurs vertus écologiques. D’une part, en absorbant du dioxyde de carbone lors de la photosynthèse, il peut réduire l’acidité de son environnement aquatique. De nombreux agriculteurs cultivent déjà le varech conjointement avec des bivalves, notamment les moules, afin que ces derniers puissent bénéficier d’une eau moins acide. Le varech séquestre également le carbone, comme les végétaux subaquatiques.

En d’autres termes, cultiver et consommer du varech pourrait être bon pour l’environnement. Mais bien qu’il soit largement consommé en Asie depuis des milliers d’années, l’acceptation de son goût dans les cultures occidentales n’est pas encore à l’ordre du jour. Pourtant, le varech regorge de vitamines, d’antioxydants et de nombreux minéraux comme le calcium et le fer, sans oublier l’iode, un oligo-élément qui offre de nombreux bienfaits à l’organisme.

L’ensete

Cultivée en Éthiopie et particulièrement tolérante à la sécheresse, l’ensete est surnommé la « fausse banane » car la plante ressemble à un bananier, bien que son fruit ne soit pas comestible. On l’appelle aussi « l’arbre contre la faim » car ses racines féculentes et comestibles peuvent être récoltées à tout moment de l’année, ce qui en fait une culture vivrière tampon fiable pendant les période sèches. Les racines comestibles de l’ensete sont riches en glucides, calcium, potassium et zinc.

Le manioc

Le manioc, un légume-racine féculent d’Amérique du Sud, coche toutes les cases de la résilience climatique, de la durabilité et de la nutrition. Aujourd’hui cultivé dans plus de 100 pays, le manioc peut supporter des températures allant jusqu’à 40 °C et tolère le sel et la sécheresse. Le manioc présente un autre avantage de taille : des niveaux de CO2 atmosphériques plus élevés améliorent la tolérance de la plante au stress et peuvent conduire à des rendements plus élevés.

Le manioc est particulièrement riche en glucides, potassium et vitamine C. Il peut toutefois contenir des niveaux toxiques de cyanure, mais ils peuvent être éliminés en totalité en épluchant, en faisant tremper ou en cuisant la racine

Étudier d’autres cultures résilientes

Face à l’urgence de trouver des solutions alternatives aux cultures conventionnelles, certain aliments peu connus ou peu utilisés dans nos sociétés occidentales pourraient être salvateurs face au changement climatique. D’autres aliments qui ceux évoqués précédemment peuvent également jouer un rôle important. C’est notamment le cas de la patate douce et de la grenade.

Partout dans le monde, des essais sont menés à grande échelle pour tester la résistance de nombreuses plantes face à diverses conditions extrêmes. Dans le sud de la France, on cultive déjà la grenade, particulièrement résistante aux vagues de canicules. D’ici quelques années, la composition de nos assiettes sera profondément modifiée pour le plus grand bien de la planète et de nos papilles.