Octobre Rose

Responsable comptes-clés dans une entreprise d’articles de sports, Cécile (51 ans) a une profession qui la mène à être souvent sur la route, en déplacement. D’autant qu’elle réside dans un petit bourg éloigné des grands centres urbains. Passer du temps en voiture ou dans les transports, fait donc partie de son quotidien, et ne lui a jamais posé problème. Mais ça, c’était avant la découverte d’un cancer du sein au printemps 2021. Avec la fatigue liée aux traitements, se déplacer est vite devenu un problème. Heureusement, Cécile a fait de belles rencontres en chemin…

 

« Avant la maladie, me déplacer en train, en bus, en voiture, c’était la routine. J’habite une petite ville de 3500 habitants à une soixantaine de kilomètres de Bordeaux. Tout est loin, mais j’avais l’habitude de bouger. Seulement quand on a un cancer, cet éloignement devient très fatigant. J’ai été diagnostiquée au printemps 2021. Une petite boule sentie dans mon sein m’a conduit à consulter immédiatement mon médecin traitant.

Je suis sensibilisée à la maladie depuis longtemps : ma mère a eu un cancer du sein à 39 ans. Une mammographie puis plusieurs biopsies et examens divers ont révélé un cancer qui avait déjà atteint les ganglions. J’ai d’abord eu de la chimiothérapie avant d’être opérée. Ablation d’un sein et une tumeur retirée à l’autre. Puis, j’ai enchaîné avec trente séances de radiothérapie. Il était prévu que je sois prise en charge à Bordeaux à l’Institut anti-cancer Bergonié. En voiture de chez moi, c’est environ 1h de voiture, 1h30 voire plus en cas de bouchon, il suffit qu’il y ait du retard dans les services, pour que les soins prennent carrément la demi-journée aller-retour.

C’est lourd et ça peut devenir vite épuisant. Heureusement, j’ai réussi à être prise en charge plus près de chez moi, à Langon, à une vingtaine de kilomètres de mon domicile. Un VSL (payé par la sécurité sociale sur ordonnance) m’emmenait et me ramenait à chaque fois que j’avais rendez-vous là-bas.

« L’infirmière d’annonce a éclairé mon chemin »

Quand on n’est pas malade, on n’y imagine pas à quel point ces chauffeurs sont importants dans nos vies ! Ils nous emmènent, nous ramènent, nous accompagnent souvent jusqu’au service où on a notre consultation. S’ils en ont le temps, ils nous attendent aussi. Ce sont peut-être les personnes avec lesquelles on discute le plus. Entre les jours où l’on va à peu près bien et les jours où on ne va pas du tout, ils sont là, présents, attentionnés. Ils nous voient évoluer. Pour moi, ils sont hyper importants et font partie intégrante de l’équipe de soins qui nous accompagne. Presque au même titre que l’infirmière d’annonce.

Je pense à elle parce que, à la clinique où j’ai été suivie au long de ma chimiothérapie puis de mes séances quotidiennes de radiothérapie, j’ai eu la chance de tomber sur une femme extraordinaire. Elle a éclairé mon chemin à maintes reprises. Dès notre premier rendez-vous, c’est elle qui m’a parlé des soins de support. Je ne savais pas ce que c’était et je ne savais pas encore à quel point j’en aurais besoin ! Mais elle ne peut que nous renseigner, nous informer, c’est à nous, patients, de faire toutes les démarches. Cela demande en général de constituer un dossier avec des justificatifs, des pièces diverses à fournir... L’administratif c’est déjà lourd et parfois compliqué quand tout va bien, mais quand on est en traitement de cancer cela dépasse nos forces. C’est la raison pour laquelle, par exemple, j’ai renoncé à aller au bout de ma demande d’aide ménagère.

« Avoir un rendez-vous en tête à tête avec une socio-esthéticienne ça fait tellement de bien »

C’est aussi l’infirmière d’annonce qui m’a indiqué des associations comme la Ligue contre le cancer ou la maison RoseUp à Bordeaux qui accompagnent les femmes tout au long de leur parcours, et parfois même encore après, et qui nous proposent justement un accès à des soins de support pour soulager les effets secondaires des traitements.

Ce n’est pas du luxe de pouvoir avoir un rendez-vous en tête à tête avec une socio-esthéticienne qui vous conseille sur des vernis quand vos ongles virent au noir sous l’effet des chimios, qui vous prodigue des massages, qui vous réconcilie avec votre image quand vous n’avez plus ni cheveux, ni sourcils.

Ca fait tellement de bien d’être écoutée ! Et c’est important d’être conseillée sur ce qu’on peut faire pour soulager les douleurs au corps et à l’âme liées au traitement. J’ai pu en profiter à la Maison RoseUp de Bordeaux quelques fois. Même s'il fallait y aller, ça me reboostait. Heureusement, depuis 2021, l’équipe délocalise de temps en temps ses ateliers dans toute la Gironde pour se rapprocher des femmes éloignées de la ville comme moi. Ces opérations « hors les murs » c’est vraiment génial !

La Ligue contre le cancer de mon département a aussi mis en place un service appelé DomiLigue, qui propose de faire venir à domicile des praticiens en soins de support (sophrologie, réflexologie, socio-esthétique). Pour le prix modique de l’adhésion, j’ai bénéficié de six séances de sophrologie à domicile. Ce genre d’initiatives n’a pas de prix... ».