Le coût de la santé est un sujet sensible pour les Français. Emmanuel Macron le sait bien. Celui-ci s’est donc fixé pour objectif d’atteindre 100 % de prise en charge, d’ici à 2022, pour les audioprothèses, les lunettes et les prothèses dentaires, des postes de dépenses particulièrement importants pour les patients.

 

Supprimer les restes à charge dans ces trois spécialités coûterait autour de 4,4 milliards d'euros par an à l’Assurance maladie.

Selon les données du ministère de la Santé, les ménages ont payé de leur poche 1,48 milliard d'euros en 2015 pour les lunettes et les lentilles correctrices – ce sont les verres qui coûtent le plus cher (65 % de la dépense) devant les montures (30 %) et les lentilles (5 %) – et 2,4 milliards pour les soins dentaires. Pour l'audioprothèse, le reste à charge serait de 462 millions d'euros. C'est cependant l'appareillage auditif qui coûte le plus cher aux Français, qui payent 56 % de la facture de leur poche.

S'il ne précise pas encore la répartition entre assurance-maladie obligatoire et complémentaires santé, Emmanuel Macron rejette l'idée d'un transfert arbitraire de prise en charge vers les mutuelles, ce qui ferait automatiquement augmenter les cotisations. Il mise plutôt sur la concurrence pour faire baisser les prix, qui devront être clairement affichés, ainsi que sur un travail concerté avec les mutuelles. Il déclarait en effet :

 

« Nous ne pouvons relever les défis en matière de santé qu’en collaboration avec le secteur mutualiste. Les complémentaires santé constituent un maillon historique de notre système. Nous ferons évoluer leurs missions, afin de renforcer la couverture de tous les Français, et en particulier celle des publics les plus fragiles, à savoir les étudiants, les chômeurs, les retraités. » *.

 

Il s’agit également d’améliorer la transparence des complémentaires santé afin de les rendre plus lisibles pour les Français. Il envisage pour cela la mise en place de trois contrats types afin que les adhérents aient des modèles « clairement comparables ».

Enfin, les mutuelles devraient avoir un rôle majeur dans la « révolution de la prévention » qu'Emmanuel Macron appelle de ses vœux, car elles sont « fortes de leur maillage territorial, de leur expertise, et de leur proximité avec les assurés sociaux. L'Etat saura les valoriser en retour pour cette mission »*.

Concernant la couverture santé des travailleurs indépendants, le président de la République veut supprimer leur régime social (RSI), qui serait remplacé par un guichet spécifique au sein du régime général de la Sécurité sociale. A l'heure actuelle, un peu plus de 4 millions de personnes sont couvertes en santé via des organismes délégataires qui concluent une convention avec le RSI. Un peu plus de la moitié de ces personnes sont couvertes par la RAM, l'organisme unique des assureurs. Les autres le sont via l'une des 18 mutuelles composant l'union Arocmut (Association de représentation des organismes conventionnés mutualistes). Avec le rattachement du RSI au régime général de la Caisse nationale d'assurance-maladie, que deviendra cette organisation ? Il est encore trop tôt pour le dire.

* Source : magazine Viva, n°310, juin 2017, pp.4-5.