Face au changement climatique, les agriculteurs doivent viser la résilience, notamment en passant par une diversification des cultures, souvent présentée comme un moyen d'améliorer la durabilité des systèmes de production agricole. Bien gérée, la diversification des cultures offre un grand nombre d’avantages pour les agriculteurs. La mise en place d’une telle technologie sous-tend néanmoins la coordination et l'engagement des acteurs impliqués dans le développement d'une culture diversifiée. Focus avec les experts Mutualia.

 

Pourquoi la diversification des cultures ?

L'objectif de la diversification des cultures, pilier de l’agroécologie, est d'augmenter le portefeuille de cultures afin que les agriculteurs ne dépendent pas d'une seule culture pour générer leurs revenus.
Lorsque ceux-ci n’exploitent qu'un seul type de culture, ils sont exposés à des risques élevés en cas d'événements climatiques imprévus qui pourraient gravement affecter la production agricole, tels que l'émergence de ravageurs et l'apparition soudaine de gel ou de sécheresse.

L'introduction d'une plus grande gamme de variétés conduit également à une diversification de la production agricole qui peut augmenter la biodiversité naturelle, renforçant la capacité de l'agroécosystème à répondre à ces stress, réduisant le risque d'échec total des cultures et fournissant également aux producteurs d'autres moyens de générer des revenus.

Avec une parcelle diversifiée, l'agriculteur augmente ses chances de faire face à l'incertitude et/ou aux modifications créés par le changement climatique. En effet, les cultures réagiront aux scénarios climatiques de différentes manières. Alors que le froid peut affecter négativement une culture, la production d'une culture alternative peut augmenter. Retrouvez plus d’informations sur le changement climatique dans notre article lié au sujet : Agriculture et changement climatique : un défi d'envergure.

Les avantages de la diversification des cultures

De nos jours, la production agricole est souvent caractérisée par de courtes rotations, voire des monocultures. Cela entraine entre autres une incidence élevée de ravageurs et de maladies, l’érosion et la perte de fertilité des sols, la pollution et la réduction de la biodiversité.

Dans ce contexte, la diversification des cultures peut contribuer à améliorer l’agrobiodiversité et soutenir les processus écologiques nécessaires à la production durable de produits agricoles.

Le processus d'expérimentation des agriculteurs et l'introduction de nouvelles variétés adaptées et acceptées peuvent potentiellement renforcer les systèmes de culture des agriculteurs :

  • en augmentant les rendements,
  • en améliorant la résilience à la sécheresse,
  • en renforçant la résistance aux ravageurs et aux maladies,
  • et en saisissant de nouvelles opportunités de marché.

Par ailleurs, la diversification des cultures offre de meilleures conditions pour la sécurité alimentaire et permet aux agriculteurs de cultiver des produits excédentaires à vendre et ainsi obtenir des revenus accrus pour répondre à d'autres besoins liés au bien-être de leur ménage.

La diversification des cultures peut permettre aux agriculteurs d'accéder aux marchés nationaux et internationaux avec de nouveaux produits, aliments et plantes médicinales. La diversification peut également gérer le risque de prix, en supposant que tous les produits ne subiront pas en même temps une baisse des prix sur leurs marchés respectifs.

Enfin, par rapport à la production de monocultures, les techniques de gestion de cultures diversifiées consistent généralement en des pratiques plus durables en matière de ressources naturelles, tout en limitant la quantité d’intrants tels que les pesticides.

Faisabilité d’une diversification des cultures

Les rotations traditionnelles colza-blé/orge, blé dur/tournesol, blé/maïs ou encore blé/betterave/pomme de terre ont fait leur temps, car trop simples et trop fragiles dans notre contexte climatique et économique actuel.
Face aux effets du changement climatique, il est désormais impératif d’introduire de nouvelles variétés dans les rotations. Mais lesquelles choisir ? Plusieurs sont possibles en France selon les régions et certaines, non conventionnelles, présentent des intérêts particulièrement intéressants en termes de production et de marché. Parmi elles, citons la caméline, le fenugrec, le sarrasin, le chanvre ou encore la moutarde brune et le miscanthus (plus d’infos sur le portail agriculture-de-conservation.com).

D’autres variétés peuvent être intéressantes à introduire. Nous vous invitons à prendre connaissance du document PDF de la Chambre d’Agriculture de l’Aube mettant en lumière des témoignages d’agriculteurs qui ont introduit de nouvelles variétés dans leur rotation habituelle : avoines de printemps, blé dur d’hiver et de printemps, lentille, lin, pois chiche, etc.

Toutefois, avant de décider une diversification, les agriculteurs doivent déterminer si les revenus générés par les nouvelles entreprises agricoles seront supérieurs aux activités existantes, avec un risque similaire ou moindre. S'il est techniquement possible de faire de nouvelles cultures ou d'élever des animaux, celles-ci peuvent ne pas convenir à de nombreux agriculteurs en termes de terres, de main-d'œuvre et de ressources en capital. De plus, les marchés pour certains produits peuvent manquer. Par conséquent, des études de faisabilité et de marché préliminaires sont recommandées avant la sélection de la diversification des cultures.

 

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Opportunités de mise en œuvre

Il existe des opportunités pour de nouvelles variétés de cultures améliorées où des espèces indigènes attrayantes peuvent être développées pour la vente sur les marchés nationaux et internationaux. En mettant en œuvre des stratégies de développement des marchés et en intégrant divers acteurs à travers et au sein des étapes d'approvisionnement, de production, de vente/stockage et de commercialisation de la chaîne de valeur, la production, la rentabilité et la compétitivité des cultures peuvent être améliorées.

Des opportunités peuvent également se présenter pour des partenariats innovants entre les producteurs, les instituts de recherche (contrats santé agriculteurs, s’engage également aux côtés des agriculteurs et lance chaque année un appel à projets : Terres d’idées.

Exemple d’application de la diversification des cultures dans les Pyrénées

L'impact négatif de la monoculture de maïs et les problèmes de gestion des mauvaises herbes, d'érosion des sols, de qualité des sols et de pression des ravageurs ont poussé les agriculteurs des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques à rechercher des innovations agronomiques, comme la diversification des cultures, pour résoudre le problème avec les acteurs en amont et en aval de la chaîne de valeur (DiverIMPACTS, Chambres d’Agriculture, coopératives régionales...).

La diversification des cultures est une solution potentielle, comme le soulignent certains essais visant à établir la production de colza dans la rotation. Certains agriculteurs ont également introduit des cultures de printemps dans la rotation, telles que le soja. L'utilisation de cultures impliquant notamment des espèces crucifères (semées ou intercalées avec des légumineuses) a également été retenue comme une alternative prometteuse pour lutter contre les vers fil-de-fer.

 

À quels défis la diversification des cultures est-elle confrontée ?

Les agriculteurs et autres acteurs du secteur agricole peuvent être confrontés à divers obstacles lorsqu’ils tentent de mettre en œuvre et de soutenir la diversification des cultures.

Les avantages de la diversification des cultures varient en fonction des conditions locales, ce qui signifie qu’il n’existe pas de solution unique, mais plutôt des compromis. Il est nécessaire d’identifier des stratégies de diversification des cultures qui peuvent s’adapter aux contextes et aux acteurs locaux, tout en répondant aux besoins de durabilité.

Plus important encore, la transition de systèmes de culture hautement simplifiés avec un nombre limité de cultures à des systèmes de culture diversifiés avec une plus grande gamme de cultures et des exigences de production différentes nécessite des connaissances approfondies. Les acteurs ont par conséquent besoin de soutien en matière de formation et d’accompagnement pour effectuer cette transition.

Enfin, libérer le plein potentiel de diversification des cultures nécessiterait non seulement de nouvelles techniques mais aussi le recours à de nouvelles technologies.