La rotation des cultures est une pratique agricole millénaire. À l’origine, les agriculteurs la mettaient en œuvre sans aucune idée des raisons scientifiques derrière son succès, ni terme spécifique pour la qualifier. Ils ne connaissaient donc pas son impact sur l’environnement. Ils la pratiquaient simplement selon un calendrier saisonnier qui était traditionnellement défini comme un modèle de plantation. Aujourd’hui, la rotation des cultures constitue un élément important de l’agriculture durable. Focus avec les experts Mutualia sur ce type de pratique.

Les principes de la rotation des cultures

La rotation des cultures est basée sur la culture d’une série de différents types de plantations dans la même zone au cours de saisons séquentielles. La rotation prévue peut varier d’une saison de croissance à quelques années ou même des périodes plus longues.

Les agriculteurs ne suivent généralement pas un plan de rotation spécifique. Ils choisissent d’alterner les cultures en fonction de leurs besoins individuels, de leurs possibilités, des conditions environnementales et de leur budget.

Par exemple, un agriculteur pourrait suivre un plan de rotation de sept ans comme suit :

  • Première année : maïs
  • Deuxième année : avoine
  • Troisième année : luzerne ou trèfle
  • Sixième et septième année : jachère ou utilisation comme pâturage pour le bétail

Un autre agriculteur pourrait choisir un schéma plus simple :

  • Première année : carottes
  • Deuxième année : blé
  • Troisième à septième année : jachère ou pâturage

Même si ces deux plans diffèrent, ils s’en tiennent tous deux à la règle générale de la rotation des cultures. Le principe de base est de planter des légumineuses (haricots, lentilles, pois, luzerne…) après des cultures céréalières (blé, avoine, maïs, riz…), puis de laisser la terre au repos pendant au moins une saison.

Le fait de suivre cette séquence de rotation permet d’éviter trois problèmes majeurs rencontrés en monoculture année après année :

  • Perte de fertilité du sol : si la même culture est exploitée en continu, la plante draine toujours les mêmes nutriments de sol. Cela conduit à l’épuisement des nutriments et à l’infertilité du sol.
  • Infestations de parasites : de nombreux parasites se spécialisent dans un certain type de cultures. En plantant en permanence la même culture, cela leur offre des conditions favorables pour s’épanouir.
  • Érosion des sols : la plantation répétée de la même culture rend les sols plus sensibles à l’érosion. Chaque espèce cultivée possède une forme racinaire spécifique et a des besoins en eau et en espacement entre elle et la canopée. Lors de la croissance d’un seul type de culture sur des périodes prolongées, le sol commence à s’éroder aux endroits où les plantes le laissent à découvert et affaibli.
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Les principaux avantages de la rotation des cultures

La rotation des cultures est une stratégie de contrôle agricole très efficace. Elle présente de nombreux avantages importants. En voici quelques-uns.

1/ Amélioration de la fertilité du sol

La rotation des cultures augmente la fertilité du sol en contrôlant les nutriments insuffisants ou en excès : elle reconstitue les nutriments qui ne sont pas disponibles ou absorbe ceux qui sont en abondance.

Elle augmente et améliore également la matière organique du sol causée par les micro-organismes laissés par chaque type de culture plantée. Par ailleurs, les animaux qui paissent sur des terres en jachère contribuent à ajouter du fumier au sol, ce qui le fertilise. La biomasse laissée lors de la récolte améliore également la fertilité du sol car il s’agit d’un engrais vert.

2/ Augmentation du rendement des cultures

La rotation des cultures augmente la récolte obtenue à partir d’une seule récolte saisonnière. Non seulement l’incorporation de différents types de cultures permet une plus grande variété de cultures saisonnières sur une même parcelle, mais les récoltes sont également plus généreuses. La recherche montre une augmentation de 10 à 25% du rendement des cultures en rotation par rapport à la monoculture.

3/ Augmentation des nutriments dans le sol

Comme indiqué précédemment, la rotation des cultures permet à la terre de se régénérer et de reconstituer ses réserves de nutriments sans avoir à utiliser d’engrais. Laisser la terre nue pendant une saison permet à la terre de restaurer ses nutriments perdus par absorption par les plantes récoltées la saison précédente.

Par exemple, en plantant des légumineuses, on peut augmenter l’azote dans le sol grâce aux bactéries fixatrices d’azote qu’elles contiennent. Toutefois, il est important de connaître le type de plantes à cultiver après une récolte pour éviter une accumulation ou une absorption excessives de nutriments.

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4/ Réduction de l’érosion des sols

L’érosion des sols est le déplacement des matériaux de la couche arable sous l’action du vent ou de l’eau. Lorsque le sol est constamment recouvert de plantes, les éléments ne peuvent emporter ces matériaux. Une couche de plantes rampantes ou de cultures de couverture comme les haricots et les pois fonctionne très bien pour empêcher l’érosion des sols.

5/ Limitation des ravageurs et des maladies

Des plantes similaires ont tendance à avoir les mêmes agents pathogènes. Par conséquent, la rotation des cultures interfère avec le cycle de vie des ravageurs et leur habitat. Cela permet de réduire drastiquement les infestations de parasites et l’incidence des maladies au cours d’une saison.

6/ Réduction des mauvaises herbes

La rotation des cultures est une technique traditionnelle de lutte contre les mauvaises herbes. Elle permet de maintenir des conditions de terrain telles que les adventices sont moins susceptibles de pousser et/ou de proliférer. En d’autres termes, la rotation des cultures permet aux plantations d’évincer très facilement les mauvaises herbes pendant la compétition pour les nutriments et d’autres ressources.

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7/ Amélioration de la structure du sol

La rotation des cultures permet d’éviter le compactage du sol, améliorant ainsi l’état physique du sol dans sa structure et sa texture. Elle offre de bonnes conditions pour la germination des graines et la prolifération des racines. Elle contribue également à d’autre processus tels que l’infiltration et l’aération de l’eau nécessaires à la composition du sol.

8/ Réduction de la pollution

La rotation des cultures augmente les nutriments dans le sol et empêche l'accumulation de produits chimiques toxiques ou de substances sécrétées par certaines plantes cultivées. Ainsi, elle permet à l'agriculteur de planter des cultures avec succès sans avoir besoin d'appliquer des engrais.

La rotation des cultures réduit également l'infestation constante des cultures par des ravageurs et des maladies, ce qui élimine le besoin de pulvériser les cultures avec des pesticides. Bien que les pesticides fonctionnent très bien sur les cultures, ils contiennent des produits chimiques dangereux qui peuvent s'accumuler dans le sol à des niveaux nocifs et augmenter la toxicité de l’eau des nappes phréatiques.

9/ Diversification et réduction des coûts de production

Certaines cultures nécessitent moins de main d’œuvre et de machines que d’autres. La rotation des cultures permet de répartir la charge de travail et les ressources utilisées tout au long de l’année et donc de réduire le coût de production des cultures. Par ailleurs, les agriculteurs ont davantage d’options pour vendre leurs produits et ne dépendent pas uniquement d’une seule culture et du prix du marché.

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Les inconvénients de la rotation des cultures

1/ Des risques

Avec cette pratique, investir dans des cultures saisonnières implique un important apport financier pour acheter les semis des différents types de plantation. De plus, certaines ont besoin d’équipements spécifiques, de sorte que les agriculteurs peuvent devoir investir dans différents types de machines. Cela signifie que les coûts initiaux peuvent être plus élevés. Par ailleurs, le succès d’une récolte n’est jamais garanti et subir une perte de récolte n’est pas exclu. Enfin, les ravageurs et les maladies venant d’autres exploitations peuvent toujours se propager et infester les parcelles en rotation.

2/ Une mise en œuvre incorrecte peut être catastrophique

Si l’on manque de savoir-faire technique, corriger l’accumulation des nutriments peut prendre beaucoup de temps. Il est indispensable de posséder les compétences nécessaires pour savoir quelles cultures peuvent être plantées les unes après les autres et à quelle saison afin que le processus réussisse. Une mauvaise mise en œuvre fait donc encourir de potentielles lourdes pertes à l’agriculteur.

3/ Nécessite plus de connaissances et de compétences

La rotation des cultures implique une variété de cultures. Par conséquent, elle nécessite un ensemble plus approfondi de connaissances et de compétences concernant chaque type de culture. Elle implique également différents types de machines, et leur fonctionnement nécessite également des connaissances. Cela signifie que les agriculteurs doivent investir plus de temps et de ressources dans l’apprentissage et la maîtrise de cette pratique agricole.

4/ Diversification obligatoire des cultures

Pour que la rotation des cultures fonctionne, il faut planter une culture différente à chaque saison. Elle ne permet donc pas à l’agriculteur de se spécialiser dans un seul type. Il ne peut donc pas produire une seule culture à grande échelle sur le long terme en raison des dommages qu’elle causera au sol.

La pratique de la rotation des cultures est nécessaire pour améliorer les rendements. La diversification nécessite également un investissement dans différentes techniques de plantation pour chaque culture, ce qui coûte du temps et de l’argent, car chaque type de culture nécessite un type d’attention différent.

5/ Différences dans les conditions de croissance

Certaines régions et leurs climats sont plus favorables à la monoculture. Hormis ces types particuliers, d’autres cultures peuvent ne pas bien pousser et s’épanouir à certaines températures et conditions de sol.