addiction au travail

En 1968, le psychologue américain Wayne Oates a introduit le terme "workaholic" pour décrire les individus qui travaillent plus de 50 heures par semaine. À l'époque, cela représentait une quantité de travail excessive. De nos jours, le workaholisme fait référence à ceux qui consacrent plus de temps et d'énergie au travail que nécessaire, en particulier les indépendants et libéraux, qui travaillent en moyenne 689 heures de plus par an que les employés. Ces personnes ont du mal à se détacher de leur travail en dehors des heures prévues et subissent des conséquences physiques et mentales néfastes. Si vous vous identifiez à cette description, il est important de savoir comment aborder cette situation. Éclairages avec les experts Mutualia.

Quand le travail devient une addiction

Beaucoup associent le terme « bourreau de travail » (« workaholic » en anglais) à des travailleurs enthousiastes et productifs qui excellent dans leur carrière et mènent ainsi une vie prospère. Cependant, la réalité derrière le concept de « bourreau de travail » est bien différente.

La dépendance au travail est un véritable problème de santé mentale. Elle découle souvent d’un besoin compulsif d’atteindre un statut et de réussir, ou d’échapper au stress émotionnel induit par des problèmes relationnels, de santé, financiers, et bien d'autres. Cette dépendance est courante chez les individus perfectionnistes.

Comme toute personne dépendante, un workaholique ressent une « euphorie » en travaillant. Cela le pousse à répéter continuellement le comportement qui lui procure cette sensation. Et la plupart du temps, il est incapable de mettre fin à ce comportement, même face aux effets négatifs que ce dernier peut avoir sur sa vie personnelle, sa santé physique ou mentale.

Contrairement à d'autres formes de dépendance, la société ne stigmatise pas le workaholisme, ce qui peut rendre moins alarmante la perte d'un équilibre sain entre le travail et la vie personnelle, et la dépendance qui en découle. Par ailleurs, l’addiction au travail procure aux personnes concernées le sentiment d'importance, de respect et de reconnaissance.

Quels sont les symptômes de l’addiction au travail ?

Dans nos sociétés modernes, où le travail est presque glorifié, il peut être difficile de reconnaître une dépendance au travail. Les personnes atteintes d'une dépendance au travail ont souvent tendance à justifier leur comportement excessif en expliquant pourquoi c'est une bonne chose et comment cela peut les aider à atteindre le succès. Elles peuvent simplement sembler dévouées à leur travail ou à la réussite de leurs projets. Cependant, l'ambition et l'addiction sont des concepts bien distincts.

Une personne atteinte d'une dépendance au travail peut s'engager dans un travail compulsif pour éviter d'autres aspects de sa vie, tels que des problèmes émotionnels troublants ou des crises personnelles. Et tout comme avec les autres addictions, elle peut se livrer à ce comportement sans être consciente des effets négatifs que l'addiction entraîne.

Les symptômes d'une dépendance au travail peuvent inclure :

  • Travailler plus longtemps, même lorsque cela n'est pas nécessaire
  • Sacrifier son sommeil pour s'investir dans des projets professionnels ou terminer des tâches
  • Être obsédé par le succès lié au travail
  • Avoir une peur intense de l'échec professionnel (atychiphobie)
  • Être paranoïaque quant à sa performance professionnelle
  • Voir ses relations personnelles se détériorer en raison du travail
  • Adopter une attitude défensive envers les autres concernant son travail
  • Utiliser le travail comme moyen d'éviter les relations personnelles
  • Travailler pour faire face à des sentiments de culpabilité ou de dépression
  • Travailler pour éviter de faire face à des crises telles que la mort, le divorce ou des problèmes financiers

Quels sont les risques de la dépendance au travail ?

Au Japon, les décès liés au surmenage causé par le travail sont malheureusement courants. Ce phénomène, connu sous le nom de « karoshi », représente un problème de santé publique majeur. Bien que cette tragédie soit particulièrement associée à la société japonaise, d'autres régions du monde sont également confrontées à des défis similaires liés à la dépendance au travail.

Le phénomène du karoshi met en lumière les conséquences graves d'une culture du travail excessive et de longues heures de travail sans relâche. Les pressions professionnelles, les attentes sociales et les exigences constantes peuvent mener à l'épuisement professionnel, à des problèmes de santé mentale et physique, ainsi qu'à des décès prématurés.

Les effets dévastateurs du karoshi servent de rappel poignant de la nécessité de réexaminer nos valeurs et nos pratiques liées au travail, car la dépendance au travail entraîne de nombreuses conséquences à la fois physiques et psychologiques :

Santé et changements physiques

  • Augmentation de la pression artérielle
  • Rythme cardiaque irrégulier
  • Regard fatigué
  • Maux de tête constants
  • Tension, y compris douleurs cervicales au cou et aux épaules
  • Burnout (fatigue physique et mentale)
  • Mort prématurée chez certains bourreaux de travail

Psychologique

  • Changements d'humeur et changements dans les traits de personnalité
  • Satisfaction au travail réduite (pour certaines personnes)
  • Anxiété accrue
  • Problèmes personnels à la maison
  • Dépression

Comment prévenir l’addiction au travail ?

Il est essentiel d'identifier les premiers signes de workaholisme dès qu'ils se manifestent. Voici quelques conseils pour éviter l'épuisement émotionnel et l'obsession du travail :

  • Auto-diagnostic : La première étape consiste à déterminer si vous êtes réellement obsédé par le travail ou s'il s'agit d'une phase temporaire. Des tests tels que le WART (Work Addiction Risk Test) peuvent vous aider à évaluer vous-même votre niveau de dépendance au travail et à rechercher de l'aide si nécessaire. Faites le test dès maintenant en suivant ce lien : https://www.addictaide.fr/pro/parcours/wart/. Il s’agit d’un simple questionnaire qui vous permet de savoir en quelques minutes si vous êtes workaholique ou non.
  • Identifiez le problème sous-jacent : L'auto-analyse honnête des motivations de votre comportement est essentielle pour traiter la dépendance au travail. Explorez des éléments tels que l'anxiété, l'évitement, la peur du rejet ou le besoin d'approbation. Bien que cela puisse être inconfortable, une fois que vous faites face à ces motivations, vous pouvez avancer vers la guérison.
  • Calculez vos heures de travail : Si vous avez tendance à faire régulièrement des heures supplémentaires sur une longue période, il est temps de faire une pause. Prenez quelques jours de congé ou, mieux encore, planifiez des vacances complètes. Pendant les vacances, détendez-vous et coupez toutes les connexions avec votre travail, y compris les emails, les sms, les réseaux sociaux, etc.
  • Prenez du recul : Réfléchissez au véritable coût de votre obsession du travail. Quels moments en famille manquez-vous ? Vos proches ont-ils besoin de votre présence dans leur vie et pas seulement de votre soutien financier ? Prendre du recul vous permettra de réaliser les aspects de votre vie que vous sacrifiez au profit du travail.
  • Écoutez-vous : Explorez les causes profondes de votre forte implication dans le travail. Travaillez-vous pour gagner plus d'argent ou pour obtenir la reconnaissance de vos pairs ? Quels sont les bénéfices à long terme du workaholisme, comme augmenter vos revenus, vous bâtir une solide réputation et atteindre un niveau élevé de succès ? Si vous ne trouvez pas de réponse convaincante à ces questions, il est peut-être temps de réévaluer votre position.


Pour conclure

L'équilibre entre le travail et la vie personnelle est essentiel pour préserver votre bien-être mental et émotionnel. En tant que travailleur indépendant, prendre conscience de l'impact de votre obsession du travail et prendre des mesures pour réajuster vos priorités peut vous aider à prévenir les conséquences néfastes du workaholisme et à cultiver une vie plus équilibrée et satisfaisante.