La démocratisation de la télémédecine à large échelle a été l’une des conséquences impressionnantes de la crise sanitaire. En phase d’expérimentation jusqu’à fin 2021, la télémédecine vétérinaire est désormais accessible à tous les propriétaires d’animaux domestiques et d’élevage. Les experts Mutualia vous éclairent sur des solutions qui pourraient vous rendre de précieux services dans le cadre de vos activités agricoles.

La télémédecine vétérinaire, c’est quoi ?

La crise sanitaire liée au COVID-19 a mis en lumière les avantages de la télémédecine. Rien que qu’entre mars et avril 2020, plus de 5,5 millions de téléconsultations ont été remboursées par l’Assurance maladie, avec un nombre moyen d’un million de téléconsultations par semaine au plus fort du confinement.

Mais contrairement à la médecine humaine, la médecine vétérinaire ne disposait jusqu’à présent d’aucun cadre réglementaire autorisant les actes de télémédecine. C’est désormais chose faite.

Depuis le 6 mai 2020, la télémédecine s’est élargie par décret (n°2020-526 paru au JO le 6 mai 2020) au domaine de la santé vétérinaire. Il s’agit dans un premier temps d’une expérimentation de 18 mois qui s’achèvera fin 2021.

Le dispositif permet désormais, durant cette phase d’expérimentation, d’assurer un suivi rapproché des animaux en évitant au maximum les déplacements. Évidemment, ce décret ne se substitue pas à l’obligation de continuité des soins ni de la réalisation de visites et d’examens cliniques des animaux pour la délivrance de médicaments vétérinaires.

La télémédecine vétérinaire inclut les mêmes actes que la télémédecine humaine (téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance, téléassistance et régulation médicale) et nécessite également des outils de communication numérique.

Elle permet ainsi aux professionnels de la santé vétérinaire, en particulier dans les zones rurales, d’évaluer, de diagnostiquer et de traiter les animaux à distance à l’aide de la technologie des télécommunications. La télémédecine vétérinaire implique par conséquent l’utilisation de communications électroniques et de logiciels pour fournir des services cliniques aux bêtes en limitant au maximum leur déplacement au DPE (domicile professionnel d’exercice).

Les 5 branches de la télémédecine vétérinaire

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Tout comme la télémédecine humaine, la télémédecine vétérinaire inclut cinq types d’actes :

  • La téléconsultation : il s’agit d’une consultation à distance et en temps réel, par l’intermédiaire de la vidéotransmission, avec des outils tels que Skype ou Zoom par exemple, et via un smartphone, une tablette ou un ordinateur. Il s’agit de l’acte le plus pratiqué actuellement en télémédecine vétérinaire.
  • La téléexpertise : le vétérinaire peut solliciter à distance l’avis d’un ou plusieurs autres confrères via les technologies numériques dans un domaine relevant de l’acte vétérinaire, comme l’interprétation d’images médicales par exemple. Le confrère vétérinaire consulté peut être spécialiste ou non.
  • La télésurveillance : elle permet au vétérinaire de surveiller et d’interpréter à distance les paramètres médicaux de l’animal selon des données numériques et des indicateurs biologiques. Cette surveillance peut être effectuée en temps réel ou de manière asynchrone. Elle peut également être pratiquée dans le cadre du suivi sanitaire permanent d’un troupeau, mais aussi dans celui de l’élevage de précision, pour lequel ce sont les données transmises par les capteurs qui sont envoyées au lieu du son et de l’image.
  • La téléassistance : grâce à la vidéoconférence notamment, le vétérinaire peut se faire assister par un confrère au cours de la réalisation d’un acte.
  • La télé-régulation :  Dans une situation supposée d’urgence, elle permet de réguler par téléphone les demandes des éleveurs, en particulier dans le cadre des obligations de permanence des vétérinaires et de continuité des soins (PCS) en dehors des heures d’ouverture des DPE. La télé-régulation consiste notamment à :
    • trier les appels,
    • estimer le degré d’urgence de la prise en charge,
    • interpréter les antécédents et les symptômes à distance afin de déclencher ou non une prise en charge immédiate.

Qui peut réaliser un acte de télémédecine vétérinaire ?

Tout vétérinaire inscrit au tableau de l’Ordre peut mettre en place des actes de télémédecine durant la période d’expérimentation. Pour cela, il doit obligatoirement faire une déclaration d’activité au Conseil régional de l’Ordre dont il dépend.

Une fois la démarche effectuée, il peut réaliser des actes vétérinaires par voie de télémédecine, dans le respect des modalités définies par le décret, en complément de son exercice habituel de la médecine et de la chirurgie des animaux.

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Zoom sur la téléconsultation vétérinaire

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Un dispositif bien encadré

Comme dans le cadre de la télémédecine humaine, la téléconsultation vétérinaire est l’acte le plus pratiqué. Toutefois, la mise en œuvre d’une téléconsultation vétérinaire est nettement plus rigoureuse.

En effet, pour mettre en place une téléconsultation, le vétérinaire doit satisfaire au préalable toutes les conditions telles que définies à l’article R 5141-112-1 3° du Code de la santé publique. Ainsi, avant de proposer une téléconsultation, le vétérinaire doit avoir :

  • été désigné par l’éleveur conformément à l’article R 5141-112-2,
  • établi le bilan sanitaire d’élevage,
  • rédigé un protocole de soins,
  • déjà réalisé des visites régulières de suivi et dispensé des soins.

Par ailleurs, sa dernière visite physique dans l’élevage doit dater de moins de six mois.

Lorsque toutes ces conditions sont remplies, le vétérinaire peut alors proposer à l’éleveur une téléconsultation. Toutefois, seul un animal ayant été physiquement examiné depuis moins de 12 mois peut bénéficier de la téléconsultation, comme précisé dans l’article R 5141-112-2.

En d’autres termes, tout nouvel animal de l’élevage ou animal examiné depuis plus d’un an ne peut bénéficier d’une téléconsultation et ce, quelles que soient les circonstances.

Quels outils utiliser pour une téléconsultation ?

De la même façon qu’une consultation classique, la téléconsultation se programme à l’avance, sur prise de rendez-vous.

Une fois le rendez-vous fixé, le vétérinaire envoie un hyperlien à l’éleveur et l’invite à se connecter à l’heure prévue sur un site Internet ou une application vidéo sécurisée, via un smartphone, une tablette ou un ordinateur.

Parmi les applications traditionnelles de vidéoconférence les plus utilisées, citons Zoom, Skype, Facetime ou encore WhatsApp. De nouvelles solutions dédiées à la téléconsultation vétérinaire ont cependant fleuri ces derniers mois et assurent la mise en relation sécurisée entre praticiens et propriétaires d’animaux. Parmi eux : Linkyvet, Liv’Vet ou encore CaptainVet.

Bien entendu, hormis l’achat et l’installation de ces équipements numériques, une téléconsultation nécessite également une bonne connexion à Internet, qu’elle soit mobile ou fixe. Ce qui peut être problématique dans certaines régions rurales où la couverture reste encore très limitée.

Quels usages de la téléconsultation pour les animaux d’élevage ?

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Comme souligné précédemment, la téléconsultation vétérinaire des animaux d’élevage ne peut être réalisée que dans le cadre du suivi sanitaire permanent, ou SSP. Le vétérinaire doit ainsi préalablement avoir établi un bilan sanitaire d’élevage et un protocole de soins.

Dès lors, la téléconsultation est possible pour chaque animal de façon individuelle. Par exemple, pour une vache laitière présentant des problèmes mammaires, la téléconsultation permet de confirmer la nécessité d’une visite du vétérinaire traitant, ou bien de permettre le diagnostic et la prescription d’un traitement adapté.

Il est possible également d’utiliser la téléconsultation pour de la médecine de troupeau dans le cadre du SSP. Elle peut ainsi permettre de poser un diagnostic et une prescription de traitement sur la base des symptômes transmis en vidéo par l’éleveur et en fonction des antécédents et des analyses antérieures.

La téléconsultation pour les animaux domestiques

Vos animaux de compagnie ne sont pas oubliés et entrent bien évidemment dans le cadre de la télémédecine vétérinaire.

La téléconsultation est notamment possible dans les cas suivants :

  • suivi post-opératoire, afin d’observer l’évolution de la cicatrisation lors du changement de pansement ;
  • consultation initiale de dermatologie simple ;
  • consultation pour suivi de boiterie en vue d’adapter le traitement initial.

La téléconsultation vétérinaire s’applique également au suivi des pathologies chroniques des animaux domestiques. Par exemple :

  • consultation de suivi d’un animal atteint de maladie rénale chronique permettant, sans le stresser, d’évaluer son appétit, son poids, la quantité d’eau consommée et de dresser un bilan des traitements en cours ;
  • surveillance d’un animal atteint d’une insuffisance cardiaque afin d’évaluer son comportement à l’effort, un éventuel essoufflement et de calculer sa fréquence respiratoire ;
  • suivi comportemental d’un animal pour évaluer ses attitudes et celles de ses propriétaires dans leur environnement.

Quel avenir pour la télémédecine vétérinaire ?

Grâce à la souplesse et la simplicité des moyens mis en œuvre, la télémédecine vétérinaire facilite davantage le contact entre les vétérinaires et les propriétaires d’animaux. Le suivi des bêtes et des animaux de compagnie est désormais plus facile, plus fréquent et plus précis, avec la possibilité de déployer des systèmes d’alerte permettant un dépistage précoce des problèmes.

Particulièrement bien encadrée, la télémédecine vétérinaire pourrait être définitivement adoptée à l’issue de sa phase de test fin 2021. Cette expérimentation présente en effet l’avantage du caractère temporaire du décret qui pourra être amendé dans sa version définitive à la lumière des retours d’expérience des professionnels et des usagers, lesquels permettront d’affiner le dispositif et d’améliorer encore davantage le suivi sanitaire permanent des élevages.