« Nous ne sommes pas contents car notre souci est que les gens soient mieux soignés », a déclaré Bruno Toussaint, directeur de la revue indépendante Prescrire, hier, en préalable de la remise de sa Pilule d’Or du médicament 2013.
Ce prix, organisé tous les ans, sert à distinguer les firmes pharmaceutiques ayant commercialisé des médicaments « permettant de faire progresser un domaine de la thérapeutique de manière tangible au bénéfice des patients ». Or, cette année, aucune Pilule d’Or n’a pu être décernée. C’était déjà le cas l’an passé. « Nous sommes en panne d’innovation », déplore Bruno Toussaint. Pire : il y aurait plutôt des médicaments à supprimer. « Mediator, les pilules de 3ème et 4ème générations ne sont que quelques arbres qui cachent la forêt, précise-t-il. Chaque année, des médicaments sont autorisés sans progrès notoires pour les patients. Parfois, ils sont moins efficaces ou plus nocifs qu’un ancien médicament de référence ».
Une nouveauté sur cinq est à éviter
Selon la revue, qui consacre un dossier à ce sujet dans son numéro de février, en 2012, « la moitié des nouveaux médicaments ou des nouvelles indications n’apportent pas de progrès », seuls 4 représentent une réelle avancée et, plus alarmant, « une nouveauté sur cinq est à éviter ». Ainsi, parmi les nouvelles molécules analysées par Prescrire, environ 18% comportent un bénéfice-risque défavorable et n’auraient pas du être autorisées. Comment en est-on arrivé là ? La revue le résume dans ses colonnes : « Une promotion massive leur assure une image positive aux yeux des soignants et des patients. Des leaders d’opinion renommés interviennent dans les congrès et les médias spécialisés. Des campagnes de presse mettent en avant le problème de santé visé par le médicament, ce qui pousse les patients concernés à le demander, etc. ». Résultat : de nombreux médicaments sont plus dangereux qu’utiles. « Les agences sanitaires ne font pas leur travail de protection des patients », dénonce Bruno Toussaint, qui rappelle que depuis 2010, année où a éclaté le scandale du Médiator, « des dizaines de médicaments auraient du être retirés du marché ».
Environ 60 médicaments à écarter
Des nouveaux mais aussi des anciens qui comportent plus de risques que d’avantages. Une soixantaine, au total, dont la liste est publiée sur le site de Prescrire www.prescrire.fr parmi lesquels on trouve 15 médicaments contre la douleur, les rhumatismes (Nexen, Ketum...), l’ostéoporose et l’arthrose, 10 antidépresseurs (Stablon, Eflexor, Stresam...) dont deux utilisés dans le sevrage tabagique (Champix et Zyban), 9 médicaments pour le coeur (Rasilez, un antihypertenseur, Lipanor, un hypochlolestérolémiant...), 5 anticancéreux (Yondelis, Removab...), 3 médicaments utilisés en dermatologie et allergologie (Protoptic contre l’eczéma...), 4 antidiabètiques (Onglyza, Januvia...) auxquels s’ajoute le Xenical contre la perte de poids, 2 médicaments de gastro-entérologie (Motilium, Resolor), 2 antibiotiques (Ketek...), un traitement hormonal substitutif de la ménopause (Livial), etc. Pour Prescrire, « Les patients et soignants ont intérêt à réviser les traitements en cours et à leur préférer les traitements éprouvés. Sans attendre que les autorités décident enfin les retraits du marché qui s’impose au vu des données d’évaluation ». De fait, en dépit des alertes répétées depuis 1997, il aura fallu attendre 2009 pour que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Afssaps), devenue Agence Nationale de sécurité du Médicament (Ansm), interdise le Mediator. Pendant ce temps, combien de victimes ? Le palmarès 2013 Prescrire n’a pas décerné de Pilule D’or mais a, néanmoins, cité deux nouveaux médicaments à son palmarès qui contribuent « à améliorer modestement la prise en charge des patients » : le Zytiga dans le traitement du cancer métastasé de la prostate et le Victrelis dans celui de l’hépatite C chronique. Sept firmes ont été également à l’honneur (dont Janssen-Cilag et Ageps-Ephp) pour la rapidité et la qualité de l’information fournie en 2012 sur leurs nouveautés. En revanche, huit n’ont pas répondu présent. « Elles font fausse route, souligne la revue, car la transparence, témoin de leur crédibilité, est un des critères du choix d’un médicament, à côté de l’efficacité, des effets indésirables, de la praticité et du prix (…). Les informations publicitaires qu’elles privilégient sont de fait biaisées, non exhaustives, ayant pour vocation première l’augmentation du volume des ventes et non la diffusion d’une information pertinente pour mieux soigner ». C’est dit.
Pas de palme d’or, non plus cette année, pour le conditionnement. Prescrire considère que beaucoup d’entre-eux sont encore dangereux pour les enfants et que trop de notices n’informent pas suffisamment sur les effets indésirables. La marque plutôt que la Dénomination internationale de la molécule (Dci) apparaît aussi encore trop souvent sur les boîtes. Dix cartons rouges et quatre cartons jaunes ont donc été attribués pour signifier que les conditionnements font courir un risque au patient (pas d’indication de dosage, par exemple). « Il faudrait que les agences sanitaires soient attentives à ça aussi », pointe Bruno Toussaint.
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