L’association Henri Pézerat (du nom du toxicologue engagé dans le combat contre l’amiante) et les cabinets d’expertise CHSCT alertent contre l’Accord national interprofessionnel (ANI), signé par les employeurs et certaines organisations syndicales le 11 janvier dernier, et qui représente, selon eux, « un recul social majeur ».

Il remet, notamment, en cause « les prérogatives des instances représentatives du personnel » ainsi que « les dispositions essentielles pour la santé des salariés inscrites dans la loi depuis 1982 », date des lois Auroux. A savoir, « l’obligation d’information et de consultation du CHSCT en cas de projet visant à modifier l’organisation, les conditions de travail, l’hygiène et la sécurité » mais également le droit à l’expertise du CHSCT.
Or, rappelle le communiqué, le CHSCT est l’instance capable d’intervenir « en anticipant des évolutions défavorables à la santé des salariés et en se donnant les moyens d’une expertise, indépendante des risques tant physiques ou psychiques qu’organisationnels ».

Une disposition particulièrement mal venue dans un contexte de crise et d’intensification du travail, marqué par « une véritable explosion des risques psychosociaux » : suicides à France Télécom, à Renault... pour ne citer que les exemples les plus médiatisés.
Selon Annie Thébaud-Mony, chercheuse en santé publique et présidente de l’association Henri Pézerat, « Alors que la justice française en vient à nier le droit des ouvriers et des ouvrières, victimes de l’amiante, à obtenir un procès pénal des dirigeants de l’industrie responsable de cette catastrophe sanitaire, l’ANI met gravement en question le droit au savoir des salariés ; savoir sur les risques économiques, savoir sur les risques sanitaires. C’est injustifiable ! ».

Lancée par la Fondation Copernic et Attac, une pétition est en ligne.