300 étudiants venus de toute la France et une centaine d'intervenants se sont réunis le 30 mai à Nantes en ouverture des 4es assises de la santé des jeunes organisées par la Lmde (Mutuelle étudiante).

En introduction, Etienne Caniard, président de la Mutualité française, a rappelé que 20 % des étudiants n'ont pas de complémentaire santé,« c'est trois fois plus que dans la population générale et les jeunes sont en première ligne des inégalités de santé […], il est urgent de bâtir les conditions de leur autonomie sanitaire ».
En 2012, la Lmde avait publié une étude dénonçant les inégalités chez les jeunes en matière de santé selon le milieu d'origine. Elle indiquait que 59 % des étudiants avaient des difficultés financières et que 30 % avaient renoncé à des soins dans l'année.

« Quand le pouvoir d'achat des étudiants ne cesse de baisser, les jeunes sacrifient d'abord la santé et leur complémentaire, témoigne Vanessa Favaro, présidente de la Lmde. Depuis nos dernières assises, les conditions socio-économiques n'ont cessé de se dégrader et les jeunes sont de plus en plus dans une situation de précarité sanitaire et sociale. La solidarité nationale a été réduite et seul un euro sur deux est désormais remboursé par la Sécu. Une complémentaire santé est obligatoire. Or beaucoup d'étudiants n'en ont pas. »

Pour tenter d'aider à la mutualisation des jeunes, certaines collectivités territoriales ont mis en place des aides à la complémentaire santé. « Mais il faut aller plus loin, insiste Vanessa. Nous souhaitons que le gouvernement remette à l'ordre du jour le chèque national santé pour les jeunes. Mais cela ne suffira pas à inverser la tendance des renoncements des jeunes aux soins et à l'accès à la complémentaire santé. Nous voulons que soit discutée, plus globalement, la question de l'autonomie de la jeunesse, qui était une promesse du programme de François Hollande. »

Pour le Ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire, Benoît Hamon, la question de l'accès aux soins des jeunes et, au-delà, de tous les Français est primordiale à une période où la Commission européenne demande à la France « de réduire la voilure en matière de services publics et de Sécurité sociale. Or, il ne faudrait pas que la crise soit un mobile pour justifier un nouveau train de réduction de la protection sociale universelle ».
Rappelant l'histoire de la Sécurité sociale – et en particulier du régime étudiant, né du Conseil national de la Résistance - et celle de la Mutualité, qui s'est depuis l'origine battue pour que les gens exclus des droits à la santé puissent y accéder, il a exhorté les étudiants mutualistes présents à Nantes à « repartir à l'offensive pour ne pas demain jouer seulement le rôle de “garde-chiourme” tentant de sauvergarder le périmètre d'un droit à la santé de plus en plus réduit ».

Au-delà de la complémentaire santé, c'est bien toute la question du droit à la santé pour tous et des inégalités sanitaires qui sera débattue à Nantes.